MOUHY, [Charles de Fieux, Chevalier de] ancien Officier de Cavalerie, Pensionnaire du Roi, de l’Académie de Dijon, né à Metz en 1701.
Bienheureux Scudery, dont la fertile plumePeut tous les mois, sans peine, enfanter un volume.
M. de Mouhy a même surpassé son énorme modele, par le nombre de ses Productions. En vain le Public a-t-il paru méconnoître le prix de sa libéralité, il s’est toujours obstiné dans ses largesses. Et qu’a-t-il donné ? des Romans. Et à quel âge en donnoit-il encore ? A soixante ans. Ce n’est pas que quelques-uns de ces présens n’aient pu être acceptés avec une espece de reconnoissance. La Paysanne parvenue, les Mémoires d’une Fille de qualité, les Mémoires posthumes du Comte de ***, les Délices du Sentiment, peuvent se faire lire en France, sans avoir besoin d’aller chercher des Lecteurs dans les Colonies. On désireroit seulement que ces Ouvrages▶ fussent écrits d’un style moins lâche, moins rampant ; que les événemens fussent plus vraisemblables ; que l’Auteur ne les eût pas amenés avec une contrainte qui les fait grimacer. Les dénouemens n’en sont point heureux, encore moins imprévus, & par-là même nullement intéressans.
M. le Chevalier de Mouhy n’écrit plus, ou du moins les Annonces de ses ◀Ouvrages ne tapissent plus nos carrefours. C’est avoir pris trop tard son parti. Quiconque écrit sur des sujets d’imagination, ne doit pas attendre que l’âge vienne en refroidir & même en tarir la source ; à plus forte raison, quand cette source n’a été qu’abondante, sans limpidité & sans saveur.