Sirmond, [Jacques] Jésuite, Confesseur de Louis XIII, né à Riom en Auvergne, en 1559, mort à Paris, âgé de 93 ans, est peut-être celui de tous ses Confreres qui a rendu les plus grands services à l'Histoire de l'Eglise, par les profonds Ouvrages▶ dont il l'a enrichie. Débrouiller la Chronologie, faire revivre plusieurs Auteurs ignorés, commenter des ◀Ouvrages▶ obscurs, les rendre intelligibles, faire naître, pour ainsi dire, l'ordre & la lumiere du sein du chaos ; voilà l'idée qu'on doit se former des travaux de cet Ecrivain, plein, d'ailleurs, d'exactitude & de pureté dans le style. L'homme de Lettres se fait sentir dans presque tous ses ◀Ouvrages▶ ; qualité rare & propre à venger l'Erudition, du décri où l'ont jetée plusieurs Savans, dont le mérite ne consistoit qu'à savoir, & plusieurs Beaux-Esprits, dont le défaut ordinaire est de savoir trop peu.
Le P. Sirmond eut deux neveux, Antoine Sirmond, de la même Société, connu par un ◀Ouvrage▶, intitulé Défense de la Vertu, dans lequel il ose avancer, qu'il ne nous est pas tant recommandé d'aimer Dieu, que de ne pas le haïr, assertion révoltante, & condamnée par les Jésuites même, qui désavouerent l'◀Ouvrage▶ & punirent l'Auteur. M. Nicole n'a pas laissé de leur en faire un crime dans ses Wendroch sur la dixieme Lettre Provinciale. Une pareille injustice ne contribue pas peu à faire connoître les écarts dans lesquels l'esprit de parti est capable de précipiter. Cet exemple n'est pas unique dans les querelles théologiques, & encore moins dans celles de nos Philosophes & de nos Littérateurs.
Son autre neveu, Jean Sirmond, frere d'Antoine, cultiva les Lettres & la Poésie, sans qu'on s'en ressouvienne aujourd'hui. Ses ◀Ouvrages, très-médiocres en eux-mêmes, croupissent dans un oubli total. Il fut de l'Académie Françoise, & mourut en 1749.