(1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot » p. 104
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(1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot » p. 104

Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot

Je n’ai vu parmi un grand nombre de morceaux de sculpture qu’une Nymphe de grandeur naturelle ; un Buste de Le Moine par un de ses élèves, et le Buste d’une prêtresse de Diane, à ce que je crois.

La Nymphe ne me paraît pas inférieure à la Dormeuse qui rassemblait tout le monde autour d’elle, au dernier Salon. Elle est couchée nonchalamment ; elle tient une coquille d’une main ; elle est accoudée sur son autre bras. La tête a de la jeunesse, des grâces, de la vérité, de la noblesse. Il y a partout une grande mollesse de chair ; et par-ci par-là des vérités de détail qui font croire que cet artiste ne s’épargne pas y les modèles. Mais comment fait-il pour en trouver de beaux.

Oh, le beau buste que celui de Le Moine, mon ami, le beau buste ! Il vit, il pense, il regarde, il voit, il entend, il va parler. Je suis tenté d’aller chez vous et de jeter par les fenêtres ce bloc de terre mort qui y est.

C’est encore une belle chose que ce buste de Diane. On croirait que c’est un morceau réchappé des ruines d’Athenes ou de Rome. Quel visage ! Comme cela est coiffé ! Comme cette draperie de tête est jetée ! Et ces cheveux, et cette plante qui court autour. Que les Anciens sont étonnants !

Nous avons beaucoup d’artistes ; peu de bons ; pas un excellent ; ils choisissent de beaux sujets ; mais la force leur manque ; ils n’ont ni esprit, ni élévation, ni chaleur, ni imagination. Presque tous pèchent par le coloris. Beaucoup de dessin, point d’idée. Tâchez de réchauffer cela et me tenez quitte.

 

Je me suis trompé ; mettez à la place de l’Annonciation de Restout, l’Assomption de La Grenée. N’oubliez pas cette note ; et gardez-vous bien de mettre mon nom à ce papier. Orphée ne fut pas plus mal entre les mains des Bacchantes, que je le serais entre les mains de nos peintres.