Robinet, [Jean-Baptiste] Censeur Royal, né à Rennes en 1735.

Avec les mêmes talens que M. Diderot, c'est-à-dire, de l'emphase, de la hardiesse, & de l'obscurité, il n'a pas eu le bonheur d'obtenir comme lui un rang suprême dans le Monde philosophique. Rien de plus ressemblant que la tournure d'esprit de ces deux Métaphysiciens énigmatiques. Pourquoi donc leur sort est-il si différent ? La raison en est toute simple. M. Diderot est le pere de l'Encyclopédie, & cette heureuse progéniture lui a valu des Correspondans, des Subalternes, des Admirateurs qui ont fait éclore des légions de Panégyristes : M. Robinet n'est le pere que du Supplément. Le moyen d'être célébré à son tour ! L'admiration est épuisée, & le charlatanisme reconnu. On ne laissera cependant pas ignorer qu'il a fait un Ouvrage intitulé de la Nature, où, selon lui, tout est intelligent & animé ; mais où, selon le Lecteur, tout s'obscurcit & tout expire au milieu du désordre & de l'absurdité. Ajoutons que le style du Philosophe est entiérement dépourvu de clarté, d'aisance, de naturel, & de pureté. Quand on entreprend de créer des systêmes, au moins devroit-on avoir des erreurs nettes, & les siennes même ne le sont pas.

M. Robinet, dont la destinée est d'être Continuateur, a augmenté de 6 volumes l'Analyse de Bayle, commencée par l'Abbé de Marsy. Le succès de cette Compilation impie, mal conçue, indigeste, n'a pas été heureux. On peut en dire autant de ses Traductions de quelques Ouvrages Anglois, que sa plume n'a pas tirés de leur obscurité.

Cet Auteur est présentement occupé d'une énorme compilation sous le titre de Dictionnaire universel des Sciences, Morale, Œconomique, Politique, & Diplomatique, dont les trois premieres Lettres forment 12 volumes in-4°. Ce Recueil, formé de beaucoup d'autres, offre un grand nombre d'articles intéressans, qui prouvent que si le Compilateur n'est pas en état de produire par lui-même de bonnes choses, il a du moins le mérite de les distinguer dans les Productions d'autrui.