1. HABERT, [François] né▶ à Issoudun en Berri, Poëte qui vivoit sous François I & sous Henri II.
Après Marot, il est celui de tous ses Contemporains qui a réuni le plus de grace & d’énergie dans ses Ouvrages, qui sont très-nombreux & très-négligés aujourd’hui. Les Littérateurs qui ne se laissent point aller au torrent de la mode & du Bel-esprit, y trouveront cependant des morceaux qui, du côté de la force & de l’imagination, sont infiniment supérieurs aux morceaux prétendus choisis dans nos anciens Poëtes, qui figurent dans tant de Recueils. C’est sur-tout dans les Epîtres qu’Habert a le mieux reussi. Il en a d’historiques, de badines, de philosophiques. De ce dernier genre, est celle qu’il adresse au Comte de Nevers, dont le but est de prouver qu’il n’y a point de véritable noblesse sans vertu :
Non pas vertu de laquelle est vestuL’homme arrogant, qu’on dit vertu mondaine,Qui semble belle, & ne vaut un festu,Pour ce qu’elle est de tout orgueil fontaine.Mais bien vertu excellente, haultaine,Qui fait des Grands la naissance florir,Qui sous le pied met l’envie & la haine,En s’attachant à ce qu’on doit chérir ;Vertu qui vient d’une source certaineDe vérité, non sujette à mourir.
Pierre Habert, son frere, n’eut pas autant de succès dans la Poésie. Ses Ouvrages ne laisserent pas de lui procurer des Charges honorables à la Cour de Charles IX & d’Henri III. Il fut pere d’un autre Poëte connu sous le nom d’Isaac Habert, dont les Production sont aussi inconnues que les siennes. De ce dernier ◀naquit Isaac Habert, mort Evêque de Vabres en 1688. Nous avons de celui-ci des Poésies latines assez estimées, des Hymnes, entre autres, insérées dans quelques Bréviaires, qui, par la chaleur & l’onction, donnent une idée favorable de ses talens & de sa piété.