Roussier, [Pierre-Joseph] Abbé, Chanoine d’Econis en Normandie, Correspondant de l’Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Marseille en 17..
Il est Auteur d’un Mémoire [de 250 pages in-4°.] sur la Musique▶ des Anciens, qui, de
                            l’aveu de tous les Connoisseurs, lui donne droit de figurer parmi le
                            petit nombre de Littérateurs connus par une érudition aussi vaste que
                            profonde & lumineuse. M. l’Abbé Roussier y expose
                            le principe de divers systêmes de ◀Musique▶ chez les Grecs, les Chinois,
                            les Egyptiens, & y met le systême de ces derniers en parallele avec
                            celui des Modernes. Ce Livre est plein de recherches satisfaisantes, qui
                            supposent un Auteur laborieux, intelligent, bon Logicien, & un
                            Ecrivain qui fait s’exprimer avec autant de méthode que de force &
                            de netteté. Des Littérateurs dont le suffrage est de poids, surtout en
                            matiere d’érudition, tels que M. de Querlon, M.Bailly, de l’Académie 
des
                            Sciences, M. l’Abbé Arnaud, M. l’Abbé Barthelemy, &c. regardent cette savante Production comme
                            la meilleure qu’on ait encore publiée sur la théorie de la ◀Musique▶.
                            Voici ce qu’en a dit le P. Amyot, Missionnaire à
                            Pekin, dans des Mémoires qu’il a envoyés à M. Bertin sur la ◀Musique▶ des Chinois :« Cet
                                Ouvrage, l’un des meilleurs & des plus solides, à mon avis,
                                qu’on puisse faire en ce genre, m’a éclairé sur une foule d’objets,
                                même Chinois, que je ne faisois qu’entrevoir à travers les plus
                                épais nuages. Il me sembloit, en le lisant, que j’étois devenu l’un
                                des Disciples exotériques du fameux Pythagore, ou l’un des initiés
                                dans le Collége des Prêtres d’Egypte. Quel dommage, disois-je en
                                moi-même, que M. l’Abbé Roussier n’ait pas pu
                                fouiller dans les antiquités des Chinois, comme il l’a fait dans
                                celles des Egyptiens & des Grecs ! En remontant jusqu’à la
                                source primitive d’un systême de ◀musique▶ connu à la Chine depuis
                                plus de quatre mille ans ; en 
approfondissant les principes sur lesquels ce systême
                                appuie ; en développant ses rapports avec les autres
                                sciences ; en déchirant ce voile épais qui nous a caché
                                jusqu’ici la majestueuse simplicité de sa marche, ce Savant eût
                                pénétré peut-être jusque dans le Sanctuaire de la Nature… Son
                                Ouvrage nous eût peut-être fait connoître à fond le plus ancien
                                systême de ◀musique qui ait eu cours dans l’Univers [celui des
                                Chinois] ; & en l’exposant avec cette clarté, cette
                                précision, cette méthode qu’on admire dans son Mémoire, il eût servi comme de flambeau pour éclairer tout
                                à la fois & les Gens de Lettres & les Harmonistes : les
                                premiers, dans la recherche des usages antiques, & les derniers
                                dans celle du secret merveilleux de rendre à leur Art l’espece de
                                toute-puissance dont il jouissoit autrefois, & qu’il a
                                malheureusement perdue depuis. »