Barbusse, Henri (1873-1935)
[Bibliographie]
Les Pleureuses (1895).
OPINIONS.
Armand Silvestre
Jamais poète ne parut plus dégagé des préoccupations prosodiques contemporaines que , et moins convaincu que les vieilles formules ont fait leur temps. La musique de son vers se cadence sur des rythmes connus et sa rythmique manque encore moins de richesse que d’aristocratie. Elle est déplorablement bonne fille. Mais il n’empêche que de l’impression de ce livre se dégage une âme de poète singulièrement subtile et noblement vibrante, une âme d’amant et de penseur pleine d’une hautaine mélancolie.
Pierre Quillard
C’est l’inspiration du présent livre qui étonne. semble tout à fait étranger au mode de concevoir qui fut habituel à la plupart des poètes de l’âge précédent… Par la volonté des dieux propices, il échappa à la contagion d’idées très précieuses par elles-mêmes, mais que l’indécente familiarité des sots avait avilies, comme toujours… De là ce livre où l’on ne retrouve pas l’air de famille ordinaire aux livres de début qui s’impriment en France et en Belgique.
Joseph Reinach
La poésie a été, cette année, aussi abondante que jamais. Un volume a été immédiatement reconnu comme sortant de l’ordinaire, et son auteur, encore très jeune, peut être tout de suite placé à côté des poètes dont nous avons le droit d’être fiers. Pleureuses, par est moins une série de poèmes qu’un long poème purement subjectif, conçu sous la forme d’une rêverie, disant ce charme des matins et des ombres, de la solitude et de la tristesse.
Paul Léautaud
Aujourd’hui critique dramatique à La Grande Revue, , jusqu’ici, n’a
                  publié que cet unique volume de vers : Pleureuses, dont
                    M. Catulle Mendès
                  écrivait, quand il parut : « C’est plutôt un poème, ce livre, un long
                    poème, qu’une succession de pièces, tant s’y déroule visiblement l’histoire
                    intime et lointaine d’une seule rêverie.Les Pleureuses
                    viennent l’une après l’autre ; tous leurs yeux n’ont pas les mêmes larmes, mais
                    c’est le même convoi qu’elles suivent, le convoi, dirait-on, d’une âme morte
                    avant de naître… C’est bien une âme, oui, plutôt même qu’un cœur, qui se désole
                    en ce poème, tant tous les sentiments, l’amour, les désespoirs, et les haines
                    aussi, s’y font rêve… Les Pleureuses pleurent en des limbes,
                    limbes de souvenance où se serait reflété le futur. Et en cette brume de
                    douceur, de pâleur, de langueur, rien qui ne s’estompe, ne se disperse, ne
                    s’évanouisse, pour reparaître à peine, délicieusement… Pas de plainte qui ne
                    soit l’écho d’une plainte qui fut un écho. Et c’est le lointain au-delà du
                    lointain… »
 Et sûrement l’on goûtera, dans les quelques pièces que nous
                  donnons dans les Poètes d’aujourd’hui, les beautés tristes,
                  voilées et presque muettes qu’à tout instant elles montrent.