Bailly, [Jacques] Garde général des Tableaux du Roi, né à Versailles en 1701, mort▶ en 1768, un de ces Poëtes qui ne paroissent avoir travaillé que pour l’oubli. Tous ses Ouvrages ont été frappés de ◀mort au même instant qu’ils ont paru. Il s’est principalement attaché aux Parodies, genre, si c’en est un, qui ne demande qu’un esprit médiocre & de pitoyables talens. On a bien pu jouer celles qu’il a faites, mais on n’auroit pas dû les imprimer.
Il existe un autre Auteur de ce nom, de l’Académie des Sciences & de l’Institut de Bologne, à qui le Public doit une Histoire de l’Astronomie ancienne, depuis son origine, jusqu’à l’établissement de l’Ecole d’Alexandrie ; Ouvrage systématique, mais qui annonce un esprit profond, un Dialecticien habile, & un Ecrivain très-exercé & plein de goût. Ses Lettres sur l’origine des Sciences & sur celle des peuples de l’Asie, adressées à M. de Voltaire, offrent une érudition aussi vaste que variée, & sont écrites avec une clarté & un agrément sans recherche, qui prouvent la supériorité de M. Bailly sur presque tous ses Confreres, les Savans & les Erudits. Ses Lettres sur l’Atlantide de Platon & sur l’ancienne Histoire de l’Asie, pour servir de suite à l’Ouvrage précédent, ne lui cedent en rien du côté du style, qui en est vif, animé, rapide, & plein de chaleur ; mais quelquefois défiguré par une affectation d’esprit qui approche du précieux. Les idées paradoxales qu’il y développe ont été combattues par des Critiques plus judicieux que polis ; & l’on sait que le défaut de politesse affoiblit toujours le mérite des censures les mieux fondées.