MAROLLES, [Michel de] Abbé de Villeloin, né en 1600, mort à Paris en 1681 ; Traducteur peu estimé, mais digne d’éloge à beaucoup d’égards.
Ceux qui ont suivi depuis la même carriere, & qui se font un point d’honneur de le mépriser, ont oublié, sans doute, que les premiers pas, en tout genre, sont ceux qui coutent le plus, & qu’une route non frayée rend toujours les progrès plus difficiles. Nous avouerons que les Traductions de l’Abbé de Marolles sont trop serviles & très-plates ; mais, sans son secours, Plaute, Lucrèce, Virgile, Juvenal, Catulle, &c. n’auroient pas encore paru, dans notre Langue, avec la perfection dont nos bons Ecrivains l’ont enrichie. Les Traducteurs eux-mêmes auroient dû sentir qu’il leur a été d’une très-grande utilité. Malgré sa sécheresse, il est communément exact & fidele à rendre non seulement le sens, mais tous les mots de la phrase ; & c’est toujours beaucoup de trouver de bons matériaux, qu’il ne s’agit plus que de mettre en œuvre & d’embellir. L’Abbé de Marolles entendoit très-bien la Langue de ses Originaux, mérite qui n’est pas toujours le partage de nos Faiseurs de Traductions. Par-là, il est devenu un guide sûr, qu’ils n’ont eu que la peine de suivre.
On a aussi de lui des Mémoires, qui seront estimés de quiconque est capable de connoître le prix d’une narration claire, méthodique, naïve, qualités préférables au ton embarrassé ou à la fausse chaleur que plusieurs Ecrivains n’ont pas su éviter dans leurs récits.
L’Abbé de Marolles avoit essayé de traduire Virgile en Vers. A cette occasion, on doit lui savoir plus de gré d’avoir compris que c’étoit la vraie maniere▶ de traduire les Poëtes, qu’on ne doit lui reprocher son imprudence d’avoir entrepris un pareil Ouvrage avec aussi peu de talent pour la versisication. Liniere avoit très-fort raison de répondre à ce mauvais Versificateur, qui se vantoit de ce que les Vers ne lui coutoient rien, ils vous coutent ce qu’ils valent.
Il avoit encore traduit Martial d’une ◀maniere si maussade, que Ménage mit sur l’exemplaire dont l’Abbé de Marolles lui avoit fait présent, Epigramme contre Martial.