FRANC, [Jean-George le] ci-devant Evêque du Puy, aujourd’hui Archevêque de Vienne, né à Montauban en 1714.
Un esprit éclairé, une raison droite, une littérature étendue, une théologie lumineuse, un style pur, facile, & souvent élégant, sont les principaux traits qui dominent dans ses Ouvrages, dont la plupart ont pour objet la défense de la Religion contre les attaques des Incrédules. Celui qui a pour titre : l’Incrédulité convaincue par les Prophéties, est un des meilleurs Livres qu’on ait faits en ce genre ; on y trouve une logique pressante, & des raisonnemens aussi clairs que profonds, qui ne laissent rien à désirer au Lecteur▶. Cet Ouvrage est le plus sûr préservatif contre la seduction des Ecrits philosophiques. Il sera toujours aisé à un esprit raisonnable de sentir une extrême différence entre l’Homme qui raisonne sur des principes solides, & le Dissertateur captieux, dont les idées ne marchent qu’au hasard & sans aucune liaison.
L’Instruction pastorale sur la prétendue Philosophie des Incrédules modernes ne fait pas moins d’honneur au zele & aux talens de ce Prélat ; il y est également clair, également profond, également nourri de l’Ecriture sainte & de l’érudition littéraire. C’est principalement à cet Ouvrage qu’il doit les sarcasmes que feu M. de Voltaire n’a pas rougi de lancer contre lui. Cette Instruction demandoit des réponses, & le prétendu Evêque d’Aléthopolis n’y a répondu que par de fades bouffonneries. Telle est la méthode des Dom-Quichotes de l’impiété : ils ne sont braves que lorsqu’il faut combattre des moulins à vent. Dès qu’ils rencontrent un Athlete réel, ils esquivent le combat, & croient suppléer, par des pantalonnades, à ce qui leur manque du côté de la vigueur. Il est vrai qu’ils amusent par-là le peuple & les esprits légers ; mais les esprits éclairés n’en reconnoissent que mieux leur foiblesse, & bientôt les sots mêmes seront forcés d’ouvrir les yeux au milieu de la fumée enivrante dont ils les repaissent.
M. l’Archevêque de Vienne a porté de nouveaux coups aux prétendus Sages de nos jours, dans un Ouvrage qui a pour titre, la Religion vengée de l’Incrédulité par l’Incrédulité elle-même, auquel on ne peut opposer que des réponses futiles ou de mauvaise foi.
On doit encore à ce Prélat, dont les mœurs n’ont jamais démenti les
Ecrits, l’Avertissement adressé, par l’Assemblée
générale du Clergé de France, tenue en 1775, aux Fideles de
ce Royaume, « sur les avantages de la
Religion & les effets pernicieux de
l’Incrédulité »
; Ouvrage plein d’éloquence, &
de cette raison qui éclaire & persuade les esprits les moins
disposés à goûter la vérité. Pour mettre nos ◀Lecteurs en état d’en
juger, il nous suffira de citer une des réflexions de l’Auteur sur la
doctrine désespérante de ceux de nos Philosophes, qui n’offrent, pour
toute consolation, à l’humanité souffrante ou malheureuse, que l’attente
du néant & la résolution de la hâter par une mort volontaire.
« Que signifie cette derniere ressource dans les
souffrances ? Elle veut dire que le malheureux doit être
consolé par la certitude de n’être jamais heureux ; comme si
l’on se flattoit d’encourager
un
Navigateur, battu de la tempête, en l’assurant qu’il n’y a plus de
port ni de rivage pour lui ; mais que, devant être submergé
sous les débris de son vaisseau, il ne tient qu’à lui de prévenir ce
désastre & de se jeter dans la mer »
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