[Introduction]
M. Rigault, dont chacun peut lire dans les Débats de spirituels articles littéraires, et qui est un des plus brillants professeurs de l’Université, a soutenu, il y a quelques jours, ses thèses pour le doctorat devant la Faculté des lettres en Sorbonne. Cette épreuve a eu presque le caractère d’une solennité, et l’éclat en a retenti au dehors. La Faculté, présidée par son savant doyen, M. J.-V. Le Clerc, était au complet, et chacun des maîtres a tour à tour adressé au candidat, déjà maître lui-même, des objections ou remarques qui le plus souvent n’étaient pour lui que l’occasion de réponses développées et accueillies avec éloge. Cette argumentation, si l’on peut appeler ainsi une haute conversation littéraire, n’a pas duré moins de six heures, à peine interrompues par un léger repos, et le jour seul, en tombant, a mis fin, non au combat, mais au très agréable conflit. Le candidat a eu à traiter, suivant l’usage, un double sujet en latin▶ et en français. Pour sa thèse ◀latine▶ il avait choisi Lucien, qu’il a considéré à un point de vue assez particulierg, non plus comme moraliste ou satirique, mais comme critique littéraire. Dans la thèse française, qui est devenue la principale et pour laquelle il avait réservé ses plus grandes forces, M. Rigault s’est donné un plus ample sujet, la querelle des anciens et des modernes, qui occupa tant les esprits dans la seconde moitié du xviie siècle et au commencement du xviiie , et qui sous des formes diverses s’est renouvelée depuis ; querelle aussi vieille que le monde, depuis que le monde n’est plus un enfant, et qui durera aussi longtemps que lui, tant qu’il ne se croira pas tout à fait un vieillard. Lequel vaut mieux du passé ou du présent, — du passé ou de l’avenir ? Lesquels valent mieux de nos pères ou de nous ? Moralement on est tenté de dire de soi et de son temps bien du mal, mais pour l’esprit on ne prétend pas céder, et on a toutes sortes de bonnes raisons pour se prouver à soi-même qu’on en a un peu plus que ses devanciers. « Je suis fier pour mon temps, je suis fier pour mon siècle, mon pays… » Combien de fois n’avons-nous pas entendu ce langage, essentiellement moderne, dans la bouche de ceux même qui savaient et prisaient le mieux l’Antiquité ! L’orgueil de la vie enivre aisément les vivants, surtout s’ils se comparent à ceux qui ne sont plus : c’est déjà une telle supériorité que celle de vivre ! Chaque génération à son tour est au haut de l’arbre, voit tout le pays au-dessous, et n’a que le ciel au-dessus d’elle. Elle se croit la première, et elle l’est à son heure un moment. — Le sujet de thèse traité par M. Rigault, même en le renfermant dans les termes de la seule littérature, est un des plus heureux et des plus féconds que l’on pût choisir, et son travail est devenu un livre qui offre le tableau complet d’un des épisodes les plus curieux de l’histoire de l’esprit. Ce livre, dans sa forme actuelle où il n’y a plus marque de doctorat que par la science, est dédié à M. de Sacy, de même que la thèse ◀latine▶ l’était à M. Saint-Marc Girardin : on voit que l’œuvre et l’auteur tiennent par tous les liens à la famille de l’Université comme à la famille du Journal des débats : ils en portent le cachet, et ils font honneur à l’une et à l’autre.
Pour nous, qui n’avons pas l’avantage d’appartenir à cette double famille, mais qui savons en apprécier bien des qualités et des mérites, nous demandons à dire quelques mots de l’intéressant ouvrage que nous annonçons, à le louer comme il convient, et en même temps à soumettre à l’auteur quelques critiques ou observations, soit sur des points particuliers, soit sur l’ensemble. Enfin, quoique n’ayant pas grade pour siéger en Sorbonne ni pour être juge dans le tournoi, nous ferons à notre manière notre argumentation, et nous pousserons une ou deux pointes, dont l’auteur en définitive, tout à la riposte et armé d’esprit comme il esth, n’aura pas à s’effrayer ni à se plaindre.
Ce sujet même de la querelle des anciens et des modernes, dès le premier moment où il s’est produit à l’état de question et où il est devenu un fait d’histoire littéraire, veut être exactement circonscrit. C’est au xviie siècle en France qu’il prend sa forme complète et qu’il se définit tout à fait, qu’il se limite en se développant, et va prêter désormais à des guerres régulières, à des batailles rangées. Et en effet, qu’on y songe un peu : pour que le combat entre l’Antiquité et les temps modernes se pût engager dans toute son étendue et sur toute la ligne, il fallait deux conditions essentielles, l’une qu’il y eût une Antiquité bien connue, bien en vue, bien distincte et comme échelonnée sur les hauteurs du passé, l’autre qu’il y eût une époque moderne, bien émancipée, bien brillante et florissante, un grand siècle déjà et qui parût tel aux contemporains.
Au Moyen Âge (et je parle des rares époques et des heures riantes, s’il y a eu des heures riantes au Moyen Âge), on ne connaissait pas assez l’Antiquité pour pouvoir se comparer sérieusement à elle et se préférer en s’y opposant. Aux xve et xvie siècles, on retrouvait d’hier cette Antiquité ; on sy mêlait, on ne s’en dégageait pas : on ne la jugeait pas d’une seule vue et avec netteté. C’est par les sciences que l’esprit moderne est arrivé à se distinguer nettement de l’Antiquité. Tant qu’il ne s’occupait que des lettres, il ne pouvait se séparer d’elle et la regarder assez à distance pour se dire : « Et moi aussi je vaux autant que toi, ou mieux que toi. » On restait dans la religion du passé.
Mais des génies originaux, de puissants observateurs se sont mis à interroger et à sonder la nature ; ils ont laissé de côté les vieux livres et les explications creuses, ont considéré les faits en eux-mêmes et ont constaté les lois. On a mieux connu notre globe, sa vraie figure, sa place dans l’univers, son mouvement dans l’espace : il en est résulté des vues certaines que les plus éclairés des anciens n’avaient que par divination et par lueurs. Un grand génie, Descartes, est venu proclamer hardiment qu’il y avait des matières où l’érudition n’était qu’un embarras, et que l’esprit humain, pour procéder avec sûreté, n’avait qu’à s’armer de méthodes propres à lui, exactes et nouvelles. Dès lors cet esprit moderne s’est senti émancipé ; il a jeté son bagage, il a marché à la légère. Il s’est flatté même en tous les points de surpasser les anciens ; il a voulu par le raisonnement réformer l’imagination, la poésie, comme le reste ; et ce qui était une révolution très légitime dans l’ordre de la pensée et de la science est devenu une insurrection contestée dans le domaine de la littérature. C’est l’histoire de cette insurrection qui constitue proprement l’épisode de la querelle des anciens et des modernes.
De même qu’au xvie siècle les guerres de religion eurent plus d’une période et d’un accès, de même, au xviie , ces guerres littéraires. La querelle des anciens et des modernes est, à sa manière, non pas une guerre de Trente Ans, mais une guerre de quarante-huit ans ou de cinquante. Il y a eu des intervalles de sommeil et des reprises d’hostilités. Il y a eu la phase française, la phase italienne, la phase anglaise. En France, où s’est passé le fort du débat, on commence à le dater de Desmarets de Saint-Sorlin, vers 1670 ; les manifestes de cet esprit un peu extravagant, et qui mêlait quelques bonnes idées à beaucoup de chimères, devancier de Chateaubriand en théorie et qui faisait mieux que pressentir la veine de poésie propre au christianisme, se prolongèrent jusqu’en 1675. Ce n’était qu’un prologue ou un premier acte.. Le second s’ouvre avec Perrault, qui rallume la guerre en lisant à l’Académie française son poème du Siècle de Louis le Grand, composé tout à la glorification de l’âge présent et au détriment de l’Antiquité (1687). Le Parallèle des anciens et des modernes suivit de près ; Boileau intervient comme contradicteur et principal adversaire. Cette seconde guerre classique dure jusqu’en 1694 et finit par une paix plâtrée, par la réconciliation, du moins extérieure, des deux contendants, grâce à l’entremise du grand Arnauld. Vingt ans après, La Motte réveille les hostilités en publiant son imitation en vers de L’Iliade, accompagnée d’un discours irrévérent Sur Homère (1714) ; Mme Dacier prend feu, les érudits se fâchent ; on en vient aux gros mots. Il s’ensuivit pendant deux années une mêlée des plus vives et des plus générales, qui se termina par un souper de réconciliation entre La Motte et Mme Dacier, sous les auspices de M. de Valincour (1716). Les troupes légères une fois lancées cependant, et qui n’étaient pas de ce souper, continuèrent d’escarmoucher encore jusqu’en 1718 et au-delà. Marivaux est un de ces derniers tirailleurs. Ces ricochets ne sont pas désagréables à suivre. — Tel est le canevas que M. Rigault avait à remplir, et sur lequel il a semé avec infiniment d’esprit toutes les variétés d’une érudition curieuse et piquante.
Mais il ne s’est pas contenté de ce cadre, il l’a étendu ; il a voulu l’embrasser dans toute sa généralité. Le côté littéraire de la question de prééminence entre les anciens et les modernes n’est en effet qu’un cas particulier d’un problème plus élevé : Le genre humain va-t-il en se perfectionnant ? et s’il se perfectionne pour l’ensemble, gagne-t-il également sur tous les points ? et ne perd-il pas, chemin faisant, à droite ou à gauche, tout en avançant dans le milieu ? M. Rigault annonce le dessein de traiter ce sujet de la théorie du progrès, l’histoire de la doctrine de la perfectibilité, dans un ouvrage ultérieur dont celui-ci ne serait que l’introduction.
Je dirai qu’on s’en aperçoit trop en quelques endroits, et, au point de vue de la composition, j’aurais préféré que cet esprit si littéraire de M. Rigault, laissant tous ces gros et peut-être insolubles problèmes à ses collègues de la philosophie, se bornant à les bien comprendre, ne les eût envisagés que par les ouvertures fréquentes que lui procurait son joli sujet, déjà bien assez spacieux. Il y a un peu de luxe dans les préliminaires, comme de la surabondance aussi dans les conclusions. Il veut peut-être concilier et assembler trop de choses, tenir trop d’éléments en présence et en équilibre, religion et philosophie, régularité et liberté, impartialité et émotion, stabilité et progrès, culte du passé et aspiration vers l’avenir… C’est après tout une noble ambition, l’ambition des esprits jeunes, même quand ils sont le plus modérés.
Y eut-il dès autrefois, dans ce qu’on appelle du nom sommaire et trop uniforme d’Antiquité, y eut-il chez les Grecs et chez les ◀Latins▶ une querelle des anciens et des modernes ? Là commence proprement le sujet de M. Rigault, et nous ne nous plaindrons pas qu’il le fasse remonter jusqu’à ses précédents naturels et qu’il le rattache à ses véritables origines. Oui, il y eut et il dut y avoir de ces commencements de querelle — et chez les Grecs au moment de leur maturité déjà déclinante et la plus fleurie, au lendemain d’Alexandre, lorsque, regardant en arrière, ils se jugeaient à la fois riches par héritage et pouvant encore ajouter à la gloire des ancêtres — ; et chez les Romains surtout, à cette époque dominante de l’empire, au sein de cette unité puissante qui avait engendré des esprits universels comme elle-même, au temps des Sénèque, des Pline, et je dirais des Tacite si ce dernier n’était si pessimiste et morose : mais les plus belles paroles qui aient été prononcées sur cette question des anciens et des modernes, c’est peut-être encore ce grand et si ingénieux écrivain Sénèque qui les a dites, et on ne peut rien faire de mieux aujourd’hui que de les répéter :
J’honore donc, disait-il à son jeune ami Lucilius, j’honore les découvertes de la sagesse et leurs auteurs ; j’aime à y entrer comme dans un héritage laissé à tous. C’est pour moi qu’ils ont acquis tout cela, pour moi qu’ils ont travaillé. Mais soyons comme un bon père de famille, accroissons à notre tour ce que nous avons reçu. Que ce patrimoine par moi agrandi se transmette à mes descendants. II y a encore beaucoup à faire, et il y aura toujours beaucoup ; et à celui-là même qui naîtra après mille siècles, l’occasion ne manquera jamais d’ajouter encore quelque chose de nouveau. Mais quand même tout aurait été trouvé par les anciens, il y aura toujours cette nouveauté, à savoir, l’application, l’usage habile et la combinaison de ce que les autres ont trouvé… Ceux qui nous ont précédés ont beaucoup fait, mais ils n’ont pu rien parfaire : Multum egerunt qui ante nos fuerunt, sed non peregerunt.
Et encore, au milieu de sa libre marche, il se fait cette objection : « Est-ce que je ne suis point les anciens ? — Je les suis, se répond-il, mais je m’accorde à moi-même de trouver à mon tour du nouveau, et de changer et de laisser ce qui n’est point à ma guise. Même en les suivant, je ne leur obéis point, j’opine comme eux. »
Il y avait, à côté de ces libres esprits, ouverts dès lors à toutes les perspectives, d’humbles adorateurs et des sectateurs exemplaires du passé. Sénèque parle quelque part, dans ces mêmes lettres à Lucilius où on lit ces beaux passages, d’un jeune homme qui était si modeste et si classique en son temps, que s’il avait cru en composant écrire quelque chose qui surpassât les anciens ou les devanciers, il se serait retenu, de peur de commettre une sorte de sacrilège. Le Dialogue des orateurs a mis en présence et nous montre aux prises les champions des deux doctrines, les classiques et les novateurs de l’Antiquité. M. Rigault a tiré bon parti de ces exactes ressemblances et de cette espèce de miroir où son sujet se dessine à l’avance et se réfléchit. Aussi il me semble, pour dire toute ma pensée, que si, après ces frappants exemples de Sénèque, de Pline, du Dialogue des orateurs, il était arrivé plus vite à Bacon, à Descartes, à Pascal, à ces grands textes modernes qui dominent la question et qui sont comme le péristyle de son sujet, la façade se serait dégagée aux yeux avec plus d’avantage, tandis que chez lui on a un peu l’inconvénient du portail de Saint-Gervais avant qu’on y eût abattu les maisons et élargi la place. En un mot, il y a un peu trop de choses, trop de noms (bien que le mien n’ait pas à s’en plaindre) dans ces chapitres que je considère comme préliminaires. Que voulez-vous ? c’est la richesse d’un vif et fertile esprit dans un premier ouvrage où l’on ne veut rien sacrifier.
Ma critique générale se réduit à peu près à ceci, que M. Rigault a conçu son travail à un point de vue plus étendu que je ne l’aurais fait moi-même : j’en aurais voulu faire, ce me semble, et si l’on me permet cette imagination bien facile après coup, un épisode distinct et tranché de l’histoire littéraire française, une pure et vraie querelle, une fronde en trois actes, avec une sorte d’intérêt et de gradation, avec début, milieu et fin, les complications étrangères y tenant moins de place, et les grands philosophes énigmatiques comme Vico ne faisant tout au plus que s’apercevoir à l’horizon ; car, dès qu’ils interviennent, ils écrasent un peu trop les nôtres. M. Rigault, qui n’a jamais perdu de vue l’idée générale et la doctrine du progrès, a tenu, au contraire, à être le plus complet possible, à tout décrire successivement avec une curiosité égale, à suivre le fleuve, comme il l’appelle quelque part, dans toutes ses sinuosités, dans ses tours et retours, jusqu’à ce qu’il se perde dans l’idée générale et théorique qui est son océan. Son livre est plus complet de la sorte et très riche de faits, de textes, de quantité de remarques ingénieuses ; mais peut-être a-t-il des lenteurs et de la plénitude, une densité trop continue, et en tout cas il se dessine moins nettement dans l’esprit après qu’on en a terminé la lecturei. Classique à tant d’égards et si au courant de l’art des anciens, l’auteur n’a pas assez profité de l'avantage inappréciable d’avoir un sujet limité.
Cela dit sur la composition, et en entrant dans le détail, on n’a qu’à louer et à approuver ; c’est à peine si ceux qui ont déjà étudié quelque point de la question trouveraient à ajouter de temps en temps une remarque ou un fait à tous ceux que l’auteur assemble et combine. M. Rigault n’oublie rien, et il découvre chemin faisant beaucoup de choses ; il dessine au passage quantité de figures devant lesquelles on n’est guère accoutumé à s’arrêter, et on emporte l’idée de physionomies nouvelles et distinctes. Sur les grands acteurs du débat, Desmarets, Perrault, Fontenelle, La Motte, Mme Dacier, Terrasson, il est impossible d’être plus attentif et équitable, plus agréablement instructif, et il ne néglige pas non plus les moindres, les seconds et troisièmes rôles, les Bouhours, les de Callières, etc. Seulement, vers la fin, il a commis une légère injustice, et je viens en appeler à lui-même. Il y a un tout petit personnage secondaire qu’il n’a pas apprécié à sa valeur, ni étudié avec le soin qu’il a donné à tous les autres. Voici en quels termes il en parle et sur quel ton :
Parmi les adversaires déclarés de Mme Dacier et des anciens, il faut distinguer les élèves de La Motte, contempteurs de l’Antiquité qu’ils ne comprenaient pas, et les esprits philosophiques qui la combattaient par système, avec une foi réfléchie au progrès. Un des personnages qui, au xviiie siècle, représente assez bien la première de ces deux classes, c’est-à-dire le public des salons et des cafés, c’est le spirituel et sémillant abbé de Pons, surnommé de son temps le bossu de M. de La Motte. De Pons est le type du disciple et du caudataire. Il admirait La Motte, il vantait La Motte, il exagérait pieusement les idées de La Motte, il suivait La Motte comme son ombre. Chaque matin il l’accompagnait au café Procope (ce n’était pas au café Procope), où ils discutaient avec des amis communs devant une galerie attirée par le nom et l’esprit des causeurs. Le café Procope a entendu lancer bien des brocards contre Homère. Quand le petit abbé de Pons élevait sa voix pointue, et dardait contre les adhérents de Mme Dacier son mot favori, le parti des érudits, il avait l’air de monter au Capitole…
Ce qui achève de peindre l’abbé de Pons et le public demi-lettré qu’il représente, c’est qu’il se donnait un air de philosophe et faisait sonner bien haut les grands mots d’indépendance et d’émancipation de l’esprit humain. À l’entendre, Homère n’est qu’une vieille idole, que La Motte a jetée bas de son piédestal, comme Descartes a renversé l’autel d’Aristote ; les homéristes sont taillés en pièces, comme autrefois les péripatéticiens de collège, et le genre humain est sauvé. Ainsi dogmatisait le triomphant bossu de M. de La Motte ; ainsi chantait en chœur avec lui ce public léger qui effleurait tout, jugeait tout, défaisait la gloire d’Homère en feuilletant une gazette, et tranchait sur L’Iliade aussi lestement que sur un opéra.
Je demande à plaider à mon tour ; je demande à présenter sous un jour un peu plus favorable ce petit personnage, très spirituel en effet, mais qui n’était pas si ridicule de vouloir paraître philosophe, car il avait l’esprit naturellement philosophique ; et s’il s’est trompé sur la question d’Homère et des anciens, il s’est trompé en homme de pensée et avec beaucoup de distinction. On en jugera.
Ce n’est pas d’une statue qu’il s’agit ici, c’est d’une statuette, mais elle en vaut la peine. M. Rigault n’y a vu qu’un grotesque : pourquoi l’esprit serait-il si rigoureux contre l’esprit ?