(1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328
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(1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

Chapitre XIII.

Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c.

TOut le monde cultive aujourd hui cette science, ou du moins chacun veut être médecin. Dès qu’une maladie se développe quelque part, il y a cent prétendus docteurs, qui vous assignent chacun leur remède. Il est donc nécessaire d’être instruit du grand art de guérir, & c’est dans cette vue que j’indiquerai les livres les plus propres à enrichir la collection d’un homme qui, sans vouloir tout approfondir, tâche pourtant de savoir ce qu’il ne doit pas ignorer.

M. Tissot mérite le premier rang parmi les auteurs, qui ont écrit non pour les Médecins de profession, mais pour ceux qui sont éloignés d’eux, ou qui cherchent à s’en passer. Son Avis au peuple sur sa santé, publié en 1761., a eu plus de trente éditions. C’est une médecine aisée que les personnes charitables qui sont à la campagne, sont capables de pratiquer avec un peu d’usage & d’intelligence. La théorie que l’auteur donne sur les causes des maladies est excellente, & les remèdes qu’il conseille sont d’autant plus sûrs, qu’il en a vérifié l’efficacité par lui-même.

Le même auteur a donné ensuite un Essai sur la santé des gens de lettres, & un autre sur celle des gens du monde : tous les deux très-bien faits. Il est encore connu par une dissertation sur l’Onanisme : matiere délicate que M. Tissot a traitée avec beaucoup de soin & de décence.

Un ouvrage non moins utile, non moins clair & non moins exact que celui de M. Tissot est le Dictionnaire de santé, si souvent réimprimé, en deux vol. in-8°. On y trouve toutes les instructions nécessaires pour être soi-même son médecin. Il faut l’accompagner du Dictionnaire portatif de Chirurgie, en deux vol. in-8°., qui est tiré de bonnes sources, & qui peut donner une connoissance suffisante de cet art qu’on ne sauroit exercer soi-même. Le Précis de la Médecine-pratique, deux vol. in-8°., & le Précis de la Matiere médicale, de M. Lieutaud, sont d’une utilité reconnue. Les chirurgiens de la campagne s’en servent utilement.

Si quelqu’un vouloit faire une collection plus abondante de livres de Médecine, il pourroit acheter les Aphorismes de Boerhaave, traduits en françois & commentés par la Mettrie, dix vol. in-12. L’Abrégé de la Médecine-pratique, traduit du latin, par M. Boudou, sept vol.in-12. Les Consultations de Médecine de plusieurs célébres Médecins de Montpellier, dix vol. in-12. La Matiere médicale de M. Geoffroy, les savans ouvrages de M. M. Astruc, Hocquet, Raulin & Helvétius.

Pour la Chirurgie, vous avez les Aphorismes de Chirurgie de Boerhaave, commentés par M. Van-Swieten, traduits en françois en cinq vol. in-12. 1753. ; les Institutions chirurgicales d’Heister, traduites en françois, à Avignon 1770. deux vol. in-4°. & quatre vol. in-8°. Le Précis de Chirurgie-pratique, contenant l’histoire des maladies chirurgicales, & la maniere le plus en usage de les traiter, in-8°. deux vol. avec figures. Les Mémoires de l’Académie de Chirurgie de Paris : collection beaucoup plus utile que tous les recueils de prose traînante & de vers boursouflés, dont d’insipides compilateurs ont inondé le public depuis quelques années.

Je ne vous conseillerai pour l’Anatomie que l’Exposition anatomique de la structure du corps humain, par Winslovv, in-12. quatre vol. 1767., cette édition est corrigée & augmentée sur un exemplaire de l’auteur, & le Dictionnaire anatomique, in-12., 1754. Les planches anatomiques que M. Gautier a données sont d’un grand secours pour cette science.

La Chymie médicinale, par M. Mallouin, in-12., deux vol. ; les Elémens de Chymie-théorique, par M. Macquer, & les Pharmacopées de Charas & de Lemery, sont tout ce qu’il faut sur cette partie.

Nous avons sur la Botanique les écrits de Tournefort, ceux de M. Buchoz, & un Dictionnaire botanique in-8°.

On trouvera la substance de tout ce qui est renfermé dans les livres indiqués ci-devant dans le grand Dictionnaire de Médecine, traduit de l’anglois par M. M. Eidous, Diderot & Toussaint, & augmenté par M. Busson, 1746., six vol. in-fol. Il seroit à souhaiter qu’on donnât une nouvelle édition de cette importante collection, en y joignant les découvertes & les observations faites depuis. Avec un tel livre corrigé d’un très-grand nombre de fautes dont il est chargé, on pourroit se passer de tous les autres.