(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 52-53
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 52-53

COSSON, [Pierre-Charles] Professeur au Collége des Quatre Nations, né à Mezieres-sur-Meuse en 1736.

Ses Discours Latins, couronnés par l’Université de Paris, prouvent qu’il est très-versé dans la Langue que son état l’oblige d’enseigner ; deux autres Discours François prouvent encore qu’il sait écrire dans la sienne. Le premier est un Eloge de Bayard, où l’on trouve des traits d’une éloquence patriotique, dont l’expression est aussi heureuse que les motifs en sont estimables. Le second est sur un sujet proposé par l’Académie de Besançon, & on peut dire qu’il n’est pas indigne du Prix qu’il a remporté. Il s’agissoit de prouver cette Proposition, les progrès des Modernes ne dispensent pas de l’étude des Anciens. L’Orateur saisit avec beaucoup de justesse cette assertion ; il en développe les preuves avec goût, avec aisance, avec solidité, & d’un ton toujours convenable au sujet. Sa marche est simple, mais ses expressions s’élevent quand les circonstances l’exigent ; ses raisonnemens sont toujours d’accord avec la saine Logique & avec les vrais principes de la Littérature. Les Académies se rendroient vraiment respectables & utiles, si elles étoient attentives à ne proposer que de pareilles discussions, & à ne couronner que de pareils Ouvrages.

Cet Auteur a encore entrepris une Traduction de Tite-Live, dont il a déjà donné quatre volumes. L’élégance & la fidélité paroissent caractériser cet Ouvrage, & font conjecturer que la suite ne sera pas indigne de ce commencement. On ne sauroit trop avertir les Auteurs de se prémunir contre le dégoût du travail, qui fait languir sur la fin les productions littéraires entreprises d’abord avec le plus d’ardeur, & accueillies avec estime.

M. Cosson a une Sœur qui s’est exercée avec quelques succès dans la Poésie légere & anacréontique. Le caractere de sa Muse est l’enjouement & la simplicité. Plusieurs de ses Couplets ont été accueillis dans les Sociétés, parce qu’ils sont faciles, ingénieux & sans prétention. Cette Muse a voulu porter son vol jusqu’à l’Ode. Nous ne dirons pas que dans celle qu’elle a composée sur l’Incendie de l’Hôtel-Dieu, elle ait atteint le sublime & l’énergie de ce genre de Poésie ; mais on ne peut méconnoître dans cette petite Production plusieurs traits de vivacité & de sentiment, préférables au jargon philosophique de la Voix du Peuple, Epître composée par un Académicien sur le même sujet.