OLIVET, [Joseph Thoulier d’] Abbé, de l’Académie Françoise, né à Salins en 1682, mort à Paris en 1768.
Il entendoit bien le Grec & le Latin, & connoissoit parfaitement sa Langue ; mais ceux qui le regardent comme un de nos meilleurs Traducteurs, font consister, sans doute, l’art de traduire dans la seule fidélité à rendre le texte de l’Original. M. l’Abbé d’Olivet nous à toujours paru trop scrupuleusement asservi à cette regle. Par-là, ses Traductions, quoique purement écrites, manquent souvent d’élégance, de force, & de chaleur. L’éloquence de Démosthene & celle de Cicéron pâlissent presque toujours sous son pinceau grammatical, & pour trop craindre de s’écarter du véritable sens des originaux & de la pureté du langage, il ôte en quelque sorte la vie à ses Modeles.
M. le Président Bouhier, qui étoit aussi un des grands Admirateurs de Cicéron, a eu beaucoup de part à la Traduction que M. l’Abbé d’Olivet a donnée des Ouvrages philosophiques de cet Orateur ; & l’on peut lui reprocher avec plus de fondement encore, les défauts que nous imputons à son Coopérateur.
Le meilleur Ouvrage de M. l’Abbé d’Olivet, est sa Prosodie Françoise. Il est aisé d’y reconnoître un Grammairien habile, qui développe avec sagacité le génie & la prononciation de notre langue. Cet Ouvrage est d’une grande utilité pour les Etrangers & les Nationaux, & peut être regardé comme le principal fondement de sa réputation.
Il a été encore utile aux Lettres, par son courage à défendre les bons Modeles contre la dépravation du goût ; & son respect pour les chef-d’œuvres de l’antiquité, prouve que, s’il n’étoit pas capable de donner dans ses propres Ouvrages de grands exemples, il étoit très en état de sentir & de faire valoir les beautés des anciens Auteurs.
On pourroit lui reprocher d’avoir entrepris la continuation de l’Histoire de l’Académie Françoise, après un Prédécesseur tel que Pelisson, & d’avoir un peu trop loué, dans cet Ouvrage, des Hommes médiocres ; mais on peut dire, à sa justification, qu’il n’écrivoit que pour ses Confreres, & que son caractere, ennemi de toute prétention, lui fit moins envisager sa propre gloire, que le plaisir de concourir autant qu’il le pouvoit à celle des autres.