(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 18-19
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 18-19

COMMIRE, [Jean] Jésuite, né à Amboise, petite ville de Touraine, en 1625, mort à Paris en 1702 ; Poëte latin qu’on peut placer parmi les Modernes, entre Santeuil & la Rue. Son talent principal est d’enrichir les petits sujets : dans les grands, il n’est guere qu’élégant & fleuri. Ce n’est pas qu’il manque d’invention, mais ses Odes, ses Hymnes n’ont point cette élévation, cet enthousiasme qui est l’ame de la Poésie lyrique. Son vol n’est pas celui de l’aigle ; c’est celui de la colombe, dont il a toute la douceur. Son style est facile, gracieux & toujours soutenu. Si ce qu’il appelle ses Idylles, renfermoit autant de sentiment qu’on y remarque d’esprit & de délicatesse, on pourroit regarder ces petits Poëmes comme des chef-d’œuvres. Rien de plus achevé que sa Métamorphose de Luscinius en Rossignol. Ses Fables sont d’une élégance qui égale celles de Phédre, à qui il est supérieur pour l’invention. Les images les plus riantes y sont répandues avec choix. Dans la Fable du Papillon & de l’Abeille, il dit en parlant du vol du Papillon.

Florem putares nare per liquidum athera.
On croit voir dans les airs voltiger une fleur.

On ne peut reprocher au P. Commire que trop de longueur dans ses Paraphrases des Pseaumes, qui sont bien loin d’atteindre le sublime de celles de Rousseau, quoique dans une langue plus énergique. Ses autres Poésies consistent dans les Epigrammes, dans les vers à la louange de quelques hommes illustres de son temps, où l’on apperçoit toujours l’ame honnête, l’homme d’esprit, & le Poëte agréable.