1. FRANÇOIS I, Roi de France. Nous le plaçons ici en qualité de Restaurateur des Lettres, & comme ayant été capable de les honorer par ses Ouvrages, si les soins du Gouvernement lui eussent permis de cultiver davantage ses talens pour la Poésie.
Ce Monarque a réuni dans sa personne les dons heureux qui font les Héros, & qui forment les génies aimables. Intrépide, généreux, affable, spirituel, amateur de l’étude, & sur-tout de la lecture des Anciens, il procura aux Lettres par ses bienfaits, ce qu’il auroit voulu leur procurer par ses travaux. Les Savans de toutes les Nations éprouverent sa liberalité, & la plupart furent appelés à sa Cour. Il fonda des Colléges, établit des Imprimeries, & fit adopter à la Jurisprudence la langue Françoise, au lieu de celle des Latins, qui avoit été jusqu’alors en usage dans les Arrêts & dans les Contrats. Quelques morceaux de Poésie qui nous restent de lui, font juger qu’il auroit pu figurer avec éclat parmi les bons Poëtes que sa protection fit éclore. L’Epitaphe dont il honora le tombeau de la belle Laure, en passant à Avignon, fait honneur à sa Muse :
En petit lieu compris, vous pouvez voirCe qui comprend beaucoup par renommée,Plume, labeur, la langue & le devoir,Furent vaincus par l’Amant de l’aimée.O gentil ame, étant tant estimée,Qui te pourra louer qu’en se taisant ?Car la parole est toujours réprimée,Quand le sujet surmonte le Disant.