(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 364
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 364

Boursault, [Edme] né à Mussi-l’Evêque, en 1638, mort à Paris en 1701.

Sans connoître d’autre langue que la sienne, il sut mériter un rang distingué parmi nos Littérateurs, malgré Boileau, qui ne pouvoit se persuader qu’un homme qui ne savoit pas le Latin, fût capable de faire de bons vers. Ce Réformateur du Parnasse poussa la sévérité jusqu’à l’injustice, à l’égard de cet Auteur. Il le déchira dans ses Satires ; mais à la fin il rendit témoignage à ses talens : De tous les Auteurs que j’ai critiqués, écrivoit-il à Brossette son Commentateur, Boursault est, à mon sens, celui qui a le plus de mérite. Les deux Corneille, Racine, Quinault, Pelisson, Ménage, le pensoient aussi, & faisoient autant de cas de l’amitié de Boursault, que de ses talens.

Ses Fables seront toujours lues avec plaisir, & estimées de ceux qui aiment une versification douce, naturelle & facile. Si elles ne sont pas, à la vérité, comparables à celles de la Fontaine, c’est que rien en ce genre ne leur est comparable. On peut avoir du mérite, sans égaler les Auteurs originaux.

Les Pieces de Théatre de Boursault n’ont pas eu toutes du succès ; plusieurs même ne sont pas supportables ; mais le Mercure Galant ou la Comédie sans titre, & Esope à la Cour, se sont constamment soutenus, & le Public ne se lasse pas de les voir représenter. Combien de Poëtes ont fait plus de Comédies que Boursault ? & parmi toutes leurs Comédies, peut-on en nommer deux qui se soient sauvées du naufrage, pour jouir d’un succès durable ?