(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 61
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 61

1. LAMBERT, [Anne-Thérese de Marguenat de Courcelles, Marquise de] né en 1647, mort à Paris en 1733 ; une des Femmes qui a fait le plus d’honneur, par son esprit & ses connoissances, à la Cour de Madame la Duchesse du Maine.

Elle fut l’Eleve de Bachaumont, son beau-pere, qui ne négligea rien pour cultiver les heureuses dispositions qu’elle annonçoit dès son enfance. Personne n’a mieux rendu les caracteres d’une morale sage, sensible, & embellie par les graces du style. Les Avis d’une mere à son fils, ceux d’une mere à sa fille, sont d’une instruction saine, tendre & remplie d’aménité. Madame Lambert a un mérite qui manque à la plupart des Auteurs Moralistes, & principalement à ceux de son sexe. Elle ne s’attache point à des définitions métaphysiques de la vertu, elle ne s’occupe qu’à en inspirer le goût, & sa maniere d’en parler est très-propre à la faire aimer. Lorsqu’elle cite les Auteurs classiques, Latins & François, c’est toujours sans affectation & sans pédanterie. Les jeunes personnes qui voudront se former le cœur & l’esprit, ne sauroient trop se nourrir de la lecture de ses Ouvrages. Son Traité de l’Amitié fait sentir ce doux sentiment, le fait désirer, & prouve qu’elle avoit une ame propre à le faire naître. On ne peut reprocher à Madame Lambert, que des négligences dans le style, & un ton qu’il falloit un peu plus rapprocher de la nature.