2. Ryer [Pierre du] de l'Académie Françoise, né à Paris en 1605, mort en 1658.
Nous ignorons s'il est parent du précédent, ce qui importe fort peu. Ce
que nous savons certainement, c'est que, quoiqu'il ait beaucoup écrit en
Prose & en Vers, il n'a pas laissé un seul Ouvrage qui vaille
aujourd'hui la peine d'être lu. Il a fait dix-neuf Pieces de Théatre,
mortes avant lui, & seize
Traductions
d'Auteurs Latins, qui ne lui ont pas survécu. Du Ryer
pouvoit avoir de l'esprit & du talent ; mais, obligé de
travailler à la hâte, pour faire subsister sa famille, dont sa plume
faisoit tout le revenu, il ne lui étoit pas possible de soigner ses
Ouvrages. On rapporte que son Libraire ne lui donnoit qu'un écu par
feuille de ses Traductions, ce qui ne fait pas trois sols par page.
C'étoit peut-être en récompenser largement le mérite ; mais ce
n'étoit pas assez en payer le travail. Ses Vers étoient traités de la
même maniere ; on convenoit de tant par cent : les Vers
Alexandrins, quatre livres ; les petits Vers la moitié. N'étoit-ce
pas insulter aux Muses & au Public ? Et un Auteur de son temps
n'a-t-il pas eu raison de dire de ce Poëte :
magis fami quàm famæ inserviebat ?