(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 375
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 375

MORIN, [Jean-Baptiste] Docteur en Médecine, né à Ville-Franche en Beau-jolois en 1583, mort à Paris en 1656.

Il a fait une vingtaine d’Ouvrages, presque tous écrits en Latin ; mais ce n’est pas ce qui l’a rendu fameux ; ce fut l’Astrologie, à laquelle il s’appliqua. Cette science, si toutefois c’en est une, décriée chez tous les Esprits sensés, lui mérita la confiance du Cardinal de Richelieu, qui auroit dû s’en rapporter plutôt à son génie qu’à l’influence des Astres. Ce Ministre eut cependant la bonté de consulter plusieurs fois cet habile Charlatan. Quelques-unes des prédictions de Morin eurent, par hasard, leur effet ; il n’en fallut pas davantage pour le faire écouter comme un Oracle. Tel est le sort de cette sorte de Prophetes ; on conserve le souvenir de quelques faits qui se sont trouvés d’accord avec leurs prédictions, & on en oublie mille où ils se sont trompés. Il faut avouer que, graces à l’ignorance qui n’étoit pas encore dissipée de son temps, l’Astrologue Morin n’eut pas à se repentir du genre d’étude auquel il s’étoit attaché. Il se fit, avec ses prédictions, douze mille livres de rente ; somme immense alors, qu’il ne s’étoit certainement pas prédite à lui-même.