MAUCROIX, [François de] Chanoine de Reims, né à Noyon en 1619, mort en 1708.
Malgré le style languissant de ses Traductions d’Auteurs Grecs & Latins, on les lit encore, à cause de la clarté & de l’exactitude. Quant à ses Poésies, on peut les négliger sans conséquence, si on excepte deux ou trois Pieces, sauvées du naufrage, à l’abri de ces Recueils qui n’ont pas toujours le pouvoir de s’en sauver eux-mêmes, faute d’être faits avec discernement & avec goût. Telle est l’Epigramme suivante, dont on aime la tournure & la finesse :
Ami, je vois beaucoup de bienDans le parti qu’on me propose ;Mais toutefois ne pressons rien :Prendre femme est étrange chose.Il faut y penser mûrement.Gens sages, en qui je me fie,M’ont dit que c’est fait prudemmentQue d’y penser toute sa vie.
Tels sont encore les quatre Vers qu’il fit à l’âge de quatre-vingts ans :
Chaque jour est un bien que du Ciel je reçois ;Je jouis aujourd’hui de celui qu’il me donne :Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi,Et celui de demain n’appartient à personne.