QUERLON, [Anne-Marie Meusnier de] né à Nantes en 1702, mort à Paris en 1780.
Il a cultivé les Arts, l’Erudition, les Lettres, & l’on peut ajouter que ce n’est pas sans succès : dans chacune des parties où il s’est exercé, il s’est montré plein de sagacité, de discernement, & de goût. On a de lui des Romans moins fades & moins ennuyeux que la plupart de nos Productions en ce genre, presque toujours enfantées par l’oisiveté ou la fureur de moraliser. Il a fait également paroître de l’esprit & de la légéreté dans quelques Ecrits polémiques, traités selon les regles d’une critique aussi juste que saine. Ses Traductions sont fidelles & élégantes, sur-tout celle du Poëme de la Peinture; par M. l’Abbé de Marsy, dans laquelle il a saisi & très-bien rendu l’esprit de l’Original. Dans ses Notes sur Lucrece & sur Phédre, il a eu l’art de tirer habilement parti de ses recherches ou de celles des autres, & de les dégager du ton de pédantisme qui accompagne ordinairement les Commentaires. Enfin, après avoir travaillé à différens Journaux, il a rédigé, pendant plusieurs années, celui qui a pour titre : Annonces & Affiches de Province, dont la rédaction est aujourd’hui confiée à M. l’Abbé de Fontenai. Cette Feuille périodique est très-répandue. Malgré sa briéveté, elle a le mérite d’offrir des analyses exactes & très-capables de donner une idée des Ouvrages qu’on y annonce. Quelquefois l’Auteur en fait sentir les beautés & les défauts ; mais ce n’est pas toujours avec cette habile précision qu’on admiroit dans les jugemens de son prédécesseur. Le style de celui-ci est aisé, nombreux, plein de goût, propre enfin à servir de modele ou de condamnation à certains Aristarques qui s’érigent en Censeurs des Productions d’autrui, sans s’apercevoir que rien n’est d’abord plus digne de censure que leurs propres Productions.