Bertaud, [Jean] Evêque de Sées, né à Caen, mort en 1611.
Ami de Ronsard, il se laissa d’abord éblouir par le faux brillant de sa Poésie ; mais il reconnut bientôt son erreur, pour s’attacher à la maniere de Desportes, qui étoit aussi son ami, & qui pouvoir lui servir de modele pour la douceur & le naturel de ses vers ; il le surpassa même par la pureté de son style & la sagesse de sa Muse.
Les Poésies de Bertaud roulent presque toutes sur des sujets de piété, où la Morale présentée avec des graces intéressantes, est propre à se faire goûter des Lecteurs de toutes les classes. On peut les lire encore aujourd’hui, parce qu’on y trouve une fraîcheur de coloris que le temps n’a point flétrie. Ses Stances ont une tournure, une cadence qui plaît à l’oreille, en même temps que les pensées qu’elles contiennent, pénetrent le cœur & flattent l’esprit. On peut en juger par cette Chanson, que l’austérité de MM. de Port-Royal n’a pas empêché d’admirer & même de placer dans leur Commentaire sur Job.
Il y a plus de cent cinquante ans que ces vers sont faits : mais tel a toujours été l’empire du sentiment ; il fait vivre les Ouvrages, comme il nourrit, anime & embellit la Société.