(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 255-256
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 255-256

Beauzée, [Nicolas] ci-devant Professeur de Grammaire à l’Ecole Royale Militaire, de l’Académie Françoise & de celle de Metz, d’Arras, d’Auxerre, né à Verdun en 1717.

Puisqu’il s’est principalement attaché à des Ouvrages de Grammaire, il devoit être clair & précis ; il n’a été ni l’un ni l’autre. L’obscurité de ses idées, & la diffusion de son style, le placent au rang de ces Auteurs qui sont peut-être capables d’étudier avec fruit pour eux-mêmes, mais peu propres à éclairer l’esprit des autres. Sa Grammaire générale n’offre rien de neuf, & l’on doit se dispenser d’écrire, quand on ne sait qu’embrouiller ce que les autres ont dit.

Les articles de Grammaire qu’il a fournis à l’Encyclopédie, après la mort de M. Dumarsais, ne sont qu’une imitation servile, & le plus souvent qu’un lourd commentaire des Ouvrages de son prédécesseur. Il a voulu aussi ajouter des synonymes à ceux de M. l’Abbé Girard ; mais cette tentative n’a servi qu’à faire mieux sentir la supériorité de celui qu’il a prétendu enrichir.

Le meilleur Ouvrage de M. Beauzée est une Traduction des Histoires de Salluste, qui réunit le mérite de la fidélité à un style noble, rapide & précis. Les Notes critiques dont il l’a accompagnée, annoncent un Littérateur instruit, éclairé, zélé pour les bons principes, & qui, pour garantir la jeunesse de la contagion philosophique, s’est fait un devoir de réfuter les propositions licencieuses qu’on rencontre dans les diverses Harangues que rapporte l’Historien qu’il a traduit.

Au reste, s’il faut juger des qualités personnelles de cet Auteur par le nombre & le mérite de ses amis, on ne peut que se former l’idée la plus avantageuse de son caractere.