(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 402-403
/ 2456
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 402-403

Vallier, [François-Charles] Comte du Saussay, ancien Colonel d'Infanterie, des Académies d'Amiens & de Nanci, né à Paris, mort en 1778.

Il a cultivé la Poésie avec assez de succès, pour mériter le suffrage de ceux qui estiment plus le fond des choses, que la maniere de les exprimer. Quoiqu'il y ait beaucoup de négligences dans ses petits Poëmes & dans ses Epîtres, le talent y jette de temps en temps des étincelles qui prouvent qu'avec une meilleure culture, sa Muse pourroit acquérir un style plus continuement poétique & plus élégant. On peut en juger par le début de son Epître aux Grands.

Grands du Siecles, écoutez ; fiers de vos avantages,
Prétendez-vous par eux asservir nos hommages ?
Pour vivre indépendans croyez-vous être nés ?
La naissance a des droits, mais ces droits sont bornés.
Que l'équité les regle, on s'empresse à s'y rendre ;
On se plaît à vous voir, on aime à vous entendre,
On applaudit aux traits qui vous font respecter ;
Mais notre hommage est libre, il faut le mériter.
Nous avons tous le droit d'éclairer vos foiblesses :
Vos vices sont nos maux, vos vertus nos richesses ;
Vous en devez un compte à la Patrie, au Roi,
Au moindre Citoyen qui le demande, à moi, &c.

Le reste de cette Epître est plein de morale. L'Auteur semble s'être plus attaché au sentiment, à la raison, à la saine Philosophie, qu'aux ornemens & à une élégance recherchée.