2. COULANGES. [N. de] Ce Poëte, qui vit encore, n’est point parent du Chansonnier, & ses Vers le prouvent bien. On a de lui des Poésies variées, qui lui ont couté, dit-il, vingt ans pour les produire, & vingt autres pour les retoucher. Elles n’en sont pas meilleures, & l’on devoit s’y attendre. Les faveurs des Muses sont rarement le fruit d’une persévérance opiniâtre ; on se morfond à leur faire si long-temps la cour, & tout Auteur doit bien se garder de publier ce qu’il en obtient par importunité.
L’ingénu M. de Coulanges nous apprend encore qu’il a
fait plus de dix mille vers en sa vie, & qu’à l’exception de quatre
mille, qui composent son Recueil, tous les autres ont
été la proie des flammes : « Sacrifice affreux, sans doute,
pour un pere, s’écrie-t-il, de livrer ainsi au feu des enfans conçus
avec tant de peine, & si tendrement aimés. Que seroit-ce donc si
le Public alloit juger leurs freres dignes d’un pareil
sort ? »
Il falloit que toute la progéniture de cet Auteur fût invinciblement dévouée à l’anathême ; car le Public a porté le jugement terrible qu’il redoutoit. Il eût fallu cependant excepter de cette Sentence de mort une Piece du Recueil, qui a pour titre le Tombeau de Grégoire, dont les Vers sont assez naturels & assez gais, & qui, par cette raison, ont dû moins couter à ce tendre pere. Si ce petit Poëme a été si durement traité, il ne faut peut-être s’en prendre qu’à la mauvaise compagnie où il se trouve.