(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 139
/ 2456
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 139

DESHOULIERES, [Antoinette du Ligier de la Garde, femme de Guillaume de la Fon, Seigneur] de l’Académie des Ricovrati de Padoue, née à Paris vers 1634, morte dans la même ville en 1694.

Si elle eût su se borner à son vrai genre, elle jouiroit, sans aucun reproche, d’une place distinguée parmi les femmes qui font le plus d’honneur au Parnasse François. Ses Tragédies, au dessous du médiocre, prêterent au ridicule ; son injustice contre Racine fit tort à son jugement, & prouva que les femmes sont encore plus extrêmes que les hommes, quand l’esprit de cabale les conduit. Il ne faut juger de ses talens que par ses Poésies légeres, qui sont pleines de douceur & d’agrément. Ses Idylles sur-tout offrent des modeles de Poésie Bucolique. Elle a su y réunir le naturel de Théocrite, les graces & l’élégance de Virgile, à la délicatesse de Moschus & à la finesse de Bion. Il est fâcheux pour sa gloire, que la plus belle de toutes [les Moutons] soit à présent reconnue pour appartenir à Coutel, Poëte qui lui étoit antérieur, comme on peut le voir à son Article.

Madame Deshoulieres eut une fille qui cultiva aussi la Poésie, mais avec des talens bien inférieurs à ceux de sa mere.