Ernault, Louis (1865-19..)
[Bibliographie]
Visions polaires (1896). — La Douleur du Mage (1897). — Chants royaux ; L’Homme (1898). — Le Miracle de Judas (1899). — La Mort des Syrènes (1900).
OPINIONS.
Victor-Émile Michelet
La conception de ce drame (Le Miracle de Judas) est très haute à la fois et très ingénieuse, œuvre de vrai poète. Il est très difficile de faire œuvre dramatique en prenant pour sujet le miracle. Ce qui fait l’intérêt▶ d’un drame, c’est avant tout la lutte qui se déroule au cœur des hommes. Or, l’intervention du surnaturel, en général, détruit l’◀intérêt de cette lutte, puisqu’elle dénoue trop facilement ce qu’avait noué l’élément humain. M. Ernault a tourné la difficulté en présentant le surnaturel manié à rebours, c’est-à-dire accomplissant son œuvre sur l’évocation d’un homme, mais sur l’évocation blasphématoire. Judas ayant accompli un miracle, ayant rendu la vie à une jeune fille morte, le miracle aura sa suite logique ; il aura des conséquences impures, puisqu’il a obéi à l’incantation d’un être impur. La jeune ressuscitée deviendra donc une prostituée. Un charme de Goëtie l’attachera aux pas de son sombre thaumaturge. M. Ernault a engendré une belle idée dramatique. Il l’a mise en œuvre noblement et habilement. La forme de son vers atteste une grande recherche de pureté ; mais elle est parfois raide, comme enserrée dans une gaine hiératique. La réalisation de cette conception était certes difficile. Le poète s’en est tiré à son honneur.
Stéphane Mallarmé
« Merci, Monsieur et poète, pour un des premiers très beaux aboutissements de la pensée magique à la poésie intègre et pure que j’ai lus. Il suffit d’y goûter celle-ci, amplement et ingénieusement comme vous l’épandez, pour pénétrer tout l’arcane de votre drame mental. Permettez que je vous félicite tout à fait… »