Vien
La Piscine miraculeuse de Vien est une grande composition qui n’est pas sans mérite. Le Christ y a l’air benêt comme de coutume ; tout le côté droit est brouillé d’un tas de figures jetées pêle-mêle, sans effet et sans goût. Mais la couleur m’a paru vraie. Au-dessus des malades, il y a un ange qui est très bien en l’air ; derrière le Christ un apôtre en gris de lin que Le Sueur ne dédaignerait pas, mais qu’il revendiquerait peut-être ; et sur le milieu, un malade assis par terre qui fait de l’effet. Il est vrai qu’il est vigoureux et gras. Et que ma Sophie a raison quand elle dit que s’il est malade, il faut que ce soit d’un cor au pied.
Jesus Christ rompant le pain à ses disciples ; St Pierre, à qui Jesus demande, après la pêche, s’il l’aime ; La Musique ; une Résurrection du Lazare sont quatre tableaux du même, dont je ne sens pas le mérite.
Vous rappelez-vous, mon ami, la Résurrection du Rembrant ; ces disciples écartés ; ce Christ en prière ; cette tête enveloppée du linceul, dont on ne voit que le sommet, et ces deux bras effrayants qui sortent du tombeau. Ces gens-ci croient qu’il n’y a qu’à arranger des figures. Ils ne savent pas que le premier point, le point important, c’est de trouver une grande idée▶. Qu’il faut se promener, méditer, laisser là les pinceaux et demeurer en repos jusqu’à ce que la grande ◀idée soit trouvées.