Reboulet, [Simon] né à Avignon en 1687, mort dans la même ville en 1725.
Son Histoire▶ de Louis XIV, toute médiocre qu'elle est, n'a pas laissé d'avoir beaucoup de cours, parce que nous n'en avons pas encore de meilleure. Cette ◀Histoire▶, quant au fond, n'est, pour ainsi dire, qu'un extrait de Gazettes courantes. L'Auteur paroît avoir eu trop de confiance dans les Libelles imprimés chez les Etrangers ; vrai moyen de débiter des erreurs. On ne peut, en puisant dans de pareilles sources, que former péniblement un tissu de faits décharnés, & propres à fatiguer le Lecteur, qui aime à trouver dans un Historien, l'homme instruit & capable de suppléer, par sa sagacité, aux obscurités que les Faiseurs de Mémoires ont répandues sur certains événemens. Le style de sa narration ne contribue point à en faire oublier les défauts ; il est sec, quelquefois embarrassé, & souvent inégal.
Il faut être d'une extrême indulgence ou peu attentif à observer le mérite d'un Ouvrage, pour assurer, comme l'a fait l'Auteur du Nouveau Dictionnaire historique, que cette ◀Histoire▶ de Louis XIV mérite en général de satisfaire les Gens de goût. Le goût est plus difficile à contenter ; il exige de l'ordre, de la clarté, de la méthode ; il demande de la chaleur & de l'intérêt dans l'exposition des faits, du discernement dans le choix des autorités, & une noblesse d'expressions assorties aux événemens qu'on raconte : or, c'est ce que M. Reboulet a presque entiérement négligé.
Il est aussi peu sensé au Lexicographe de dire, en se contrariant, que ce même Ouvrage seroit plus digne des Gens de goût, si quelque homme instruit vouloit le corriger sur l'◀Histoire▶ du Siecle de Louis XIV de M. de Voltaire.
Ne seroit-il pas nécessaire, avant toutes choses, que le Siecle de Louis XIV, qu'on propose pour modele, fût corrigé par un homme instruit, véridique, & surtout moins enclin à débiter de petites anecdotes hasardées, soit pour appuyer le systême de l'Auteur, soit pour réveiller la curiosité des petits esprits qui adoptent bonnement toutes choses, pour peu qu'elles soient marquées au coin de la hardiesse & de la singularité ?
M. Reboulet a donné encore deux ◀Histoires ; celle de Clément XI, entachée des mêmes défauts que nous venons de remarquer ; & celle de la Congrégation des Filles de l'Enfance, plus légérement écrite, mais trop chargée de détails, & trop abondante en petits faits, dont la plupart sont douteux.