MANGENOT, [Louis] Chanoine du Temple, né à Paris en 1694, mort dans la même ville en 1768.
Poëte dont nous avons peu de Poésies, encore sont-elles toutes médiocres, excepté néanmoins son Eglogue du Rendez-vous, où il s’est montré supérieur à tout ce que MM. de Fontenelle & la Mothe ont fait de meilleur en ce genre. Style élégant & naturel, narration simple & intéressante, sentiments vrais & délicats, toutes les graces enfin qui peuvent parer un petit Ouvrage, s’y trouvent agréablement réunies. Ces qualités manquent absolument à une seconde Eglogue qu’il a faire, intitulée les Confidences, ainsi qu’à ses autres petites Pieces.
Nous ne connoissons, de M. l’Abbé Mangenot, aucun Ouvrage en prose, à moins qu’on ne veuille regarder comme un Ouvrage son Histoire▶ abrégée de la Poésie Françoise, plaisanterie aussi juste qu’agréable, où il seroit difficile de trouver beaucoup de fautes, car elle se réduit à une demi-page. La voici.
◀Histoire abrégée de la Poésie Françoise.
« La Poésie Françoise, sous Ronsard & sous Baïf, étoit un enfant au berceau, dont on ignoroit jusqu’au sexe. Malherbe le soupçonna mâle, & lui fit prendre la robe virile. Corneille en fit un Héros. Racine en fit une femme adorable & sensible. Quinault en fit une courtisanne, pour la rendre digne d’épouser Lully, & la peignit si bien sous le masque, que le sévere Boileau s’y trompa, & condamna Quinault à l’Enfer, & sa Muse aux prisons de St. Martin. A l’égard de Voltaire, il en a fait un excellent Ecolier de Rhétorique, qui lutte contre tous ceux qu’il croit Empereurs de sa classe, & qu’aucun de ses pareils n’ose entreprendre de dégoter, se contentant de s’en rapporter au jugement de la Postérité, unique & seul Préfet des études de tous les Siecles ».