(1767) Salon de 1767 « Peintures — Perroneau » p. 172
/ 2293
(1767) Salon de 1767 « Peintures — Perroneau » p. 172

Perroneau

Un portrait de femme. On en voit la tête de face, et le corps de deux tiers.

La figure est un peu raide et droite, fichée comme elle l’aurait été par le maître à danser, position la plus maussade, la plus insipide pour l’art, à qui il faut un modèle simple, naturel, vrai, nullement maniéré, une tête qui s’incline un peu, des membres qui s’en aillent négligemment prendre la place ordonnée par la pensée ou l’action de la personne. Le maître de grâces, le maître à danser détruisent le mouvement réel, cet enchaînement si précieux des parties qui se commandent et s’obéissent réciproquement les unes aux autres. Marcel cherche à pallier les défauts, Van Loo cherche à rendre leur influence sur toute la personne ; il faut que la figure soit une. Un mot là-dessus suffit à qui sait entendre, une page de plus n’apprendrait rien aux autres ; c’est une chose à sentir. Mais revenons au portrait. L’épaule est prise si juste qu’on la voit toute nue à travers le vêtement, et ce vêtement est à tromper : c’est l’étoffe même pour la couleur, la lumière, les plis et le reste ; et la gorge, il est impossible de la faire mieux : c’est comme nous la voyons aux honnêtes femmes, ni trop cachée, ni trop montrée, placée à merveille, et peinte, il faut voir.

Le portrait de Marmontel pourrait bien être du même artiste. Il est ressemblant, mais il a l’air ivre, ivre de vin, s’entend ; et l’on jurerait qu’il lit quelques chants de sa neuvaine à des filles.

Le bleu fort de ce mouchoir de soie qui lui ceint la tête est un peu dur et nuit à l’harmonie.

La plupart des portraits de Perronneau sont faits avec esprit. Celui de Marmontel est de Roslin.