À Monsieur P. Bottin-Desylles
Je vous dédie ce livre comme le témoignage d’une admiration qui a commencé dès que j’ai pu comprendre, et d’une affection qui a commencé dès que j’ai pu sentir.
Je désirerais que toutes les pensées qui sont ici, fussent vos pensées, ou qu’il y en eût, au moins, quelques-unes que vous ne désavoueriez pas… Vous l’homme des sentiments exquis en toutes choses, vous devez avoir sur les femmes▶ les idées qu’ont sur elles les esprits délicats, discernants, qui les aiment et qui ne veulent pas les voir se déformer dans des ambitions, des efforts et des travaux mortels à leur grâce naturelle, et même à leurs vertus… Vous êtes, mon cher Desylles, d’une supériorité trop vraie pour ne pas vous connaître en supériorités, et celle de la ◀femme▶ n’est pas où la mettent les Bas-bleus. Elle est dans un charme qui n’est ni la Littérature, ni l’Art, ni la Science. Elle est dans ce qui nous faisait tourner la tête, quand nous avions une tête à tourner. À présent nous l’avons immobile ; mais je n’en ai pas moins (suis-je désintéressé ?) écrit ce livre pour défendre ce charme des ◀femmes, menacé par elles-mêmes, et dans l’intérêt des têtes qu’après, elles pourraient tourner encore……
Jules Barbey d’Aurevilly.