Vouglans, [Pierre-François Muyart de] Conseiller au Grand Conseil, né à Morance, en Franche-Comté, en 1713.
Nous ne parlerons point de ses Ouvrages de Jurisprudence, souvent cités dans les matieres criminelles, & qui font même autorité auprès des Tribunaux, honneur dont peu d'Auteurs ont joui de leur vivant : ces Ouvrages ne sont pas du ressort du nôtre ; mais sa Réfutation des principes hasardés dans le Traité, d'ailleurs estimable, des Délits & des Peines, traduit de l'Italien, lui donne autant de droit de figurer parmi les Littérateurs, que parmi les Jurisconsultes. Un style simple, mais énergique & correct, une érudition adroitement ménagée, de l'exactitude dans les citations, de l'honnêteté dans les critiques, de la sagacité dans les discussions, de la solidité dans les principes, de la précision & de la justesse dans les raisonnemens ; voilà ce qui caractérise cette Production, qui mérite d'être placée à la suite du Traité, pour servir de correctif à ce qu'il offre de défectueux.
On doit encore à cet Auteur un petit Ouvrage en faveur de la Religion, qui se fait lire avec intérêt : il a pour titre, Motifs de ma Foi. Les Italiens & les Allemands l'ont fait passer dans notre Langue, & il a été accueilli en France, des Esprits▶ qui tiennent à la Religion & aux mœurs. Nous ne connoissons pas d'Ecrit moderne plus capable que celui-ci d'affermir dans leur foi les ames chancelantes, & de ramener au Christianisme celles qui en ont secoué le joug. C'est dommage que M. de Vouglans n'ait pas donné plus d'étendue à ses idées. Quand on défend une mauvaise cause, on gagne sans doute à être succinct ; mais la vérité, plus elle est développée & approfondie, plus elle plaît & intéresse. Il auroit dû faire sentir davantage le ridicule & l'impuissance des efforts des Celses & des Porphyres de nos jours, contre une Religion qui se soutient depuis plus de dix-sept siecles ; une Religion, le plus ferme appui des Trônes, la sauve-garde des propriétés, la consolation des malheureux, le seul frein des méchans adroits ou puissans. Il auroit dû sur-tout mettre plus en évidence l'ineptie des raisonnemens de nos Philosophes matérialistes, de ces ◀esprits aussi vains qu'inconséquens, qui osent se dire les bienfaiteurs du genre humain, lorsqu'ils s'efforcent de le dégrader, en cherchant à le dépouiller de la plus précieuse de ses prérogatives. Oter à l'homme son immortalité, c'est non seulement l'insulter, l'avilir, c'est encore l'outrager dans cette raison même, dont la Philosophie moderne prétend se servir pour l'éclairer.