Daudet, Alphonse (1840-1897)
[Bibliographie]
Les Amoureuses, poésies (1858). — La Double Conversion, poème (1861). — L« Dernière Idole, théâtre de l’Odéon (1862). — L’Œillet blanc, Comédie-Française (1865). — Les Absents, opéra-comique (1865). — Le Frère aîné, drame▶ en un acte (1868). — Le Petit Chose, roman (1868). — Le Sacrifice, comédie en trois actes (1869). — Les Lettres de mon moulin (1869). — Les Lettres à un absent (1871). — Lise Tavernier, ◀drame en un acte (1872). — L’Arlésienne, pièce en trois actes (1872). — Tartarin de Tarascon (1872). — Fromont jeune et Risler aîné (187/1). — Fromont jeune et Risler aîné, pièce avec Ad. Belot (1876). — Jack (1876). — Le Char, opéra-comique, musique de Pessard (1877). — Le Nabab (1878). — Les Rois en exil (1879). — Numa Roumestan (1880). — Le Nabab, pièce, avec P. Elzéar (1880). — Théâtre, recueil (1880). — Jack, pièce (1881). — L’Évangéliste (1883). — Les Cigognes, légende rhénane (1883). — Sapho (1884). — Les Femmes d’artistes (1885). — Sapho, pièce, avec Ad. Belot (1885). — Tartarin sur les Alpes (1886). — La Belle Nivernaise (1886). — Numa Roumestan, pièce (1887). — Tartarin sur les Alpes, pièce avec MM. de Courcy et Bocage (1888). — L’Immortel (1888). — Trente ans de Paris, à travers ma vie et mes livres (1888). — Souvenirs d’un homme de lettres (1888). — La Lutte pour la vie (1889). — L’Obstacle (1890). — Port-Tarascon (1890). — L’Obstacle, pièce (1891). — L’Arrivée ; Mon tambourinaire (1891). — Rose et Ninette (1892). — La Menteuse, pièce avec Léon Hennique (1898). — Entre les frises et la rampe (1894). — L’Élixir du R. P. Gaucher (1894). — La Petite Paroisse (1895). — Trois souvenirs : Au fort de Montrouge ; à la Salpêtrière ; Une leçon (1896). — L’Enlèvement d’une étoile (1896). — La Fédor (1897). — Soutien de famille (1898). — Le Sous-Préfet aux champs, poème en prose (1898).
OPINIONS.
Théodore de Banville
Une tète merveilleusement charmante, la peau d’une pâleur chaude et couleur d’ambre, les sourcils droits et soyeux, l’œil enflammé, noyé, à la fois humide et brûlant, perdu dans la rêverie, n’y voit pas, mais est délicieux à voir. La bouche voluptueuse, songeuse, empourprée de sang, la barbe douce et enfantine, l’abondante chevelure brune, l’oreille petite et délicate, concourent à un ensemble fièrement viril, malgré la grâce féminine. Avec ce physique invraisemblable, Alphonse Daudet avait le droit d’être un imbécile ; au lieu de cela, il est le plus délicat et le plus sensitif de nos poètes.
Paul Stapfer
On ne peut rien lire de plus gracieux que les Amoureuses de M. Daudet ; il y a du Musset dans son Épître à Célimène ; les Cerisiers, les triolets des Prunes sont de véritables bijoux..
Jules Lemaître
Je ne connais pas de volume de débutant plus vraiment jeune que le petit livre des Amoureuses.
Gustave Geffroy
Le débutant qui écrit les Amoureuses, et bientôt, après, la Double Conversion, a lu en artiste les poètes du xvie siècle, a compris du premier coup le joli français résumatoire de La Fontaine, a aimé l’accent nerveux et passionné de Musset. Les pièces sur les enfants font songer aux « enfantelets » qui sourient dans notre littérature depuis Clotilde de Surville jusqu’à Baïf. — Les Bottines, Miserere de l’Amour, le Rouge-Gorge, Trois jours de vendanges, les Cerisiers, les Prunes, Dernière amoureuse, tous ces sourires de dessins si divers, tous ces cris où il y a du roucoulement et de la violence, évoquent une physionomie personnelle d’écrivain curieux de sentiments, épris de la musique des mots, habile à faire tenir une longue et complète vision dans une phrase brève, sensuelle, dont la raillerie confine sans cesse à l’émotion. Cette physionomie s’accentue encore dans l’apostrophe sereine qui termine la Double Conversion, et dans cet Oiseau Bleu, qui restera à n’en pas douter, auprès des versets de l’Intermezzo, entre la pièce la plus célèbre de Sully Prudhomme et certains sonnets de Soulary. — Si Alphonse Daudet n’est pas resté attaché à la forme du vers, du moins il n’a pas à désavouer sa tentative, il a mis la subtile empreinte de ses premières années sur ces chansons inconsciemment chantées. Pour se servir d’une comparaison presque empruntée à ce délicat recueil de la dix-huitième année, on peut bien dire que les Amoureuses restent comme un verger de printemps avec des arbres blancs et roses odorants comme des bouquets, tout doré de soleil, tout plein de voix, traversé par des robes claires, obscurci par instants sous un nuage d’orage. Depuis, l’écrivain en marche a quitté ce beau jardin, il est parti par les routes, il a traversé des forêts, il s’est frayé un âpre chemin à travers des espaces vierges.
Jules Tellier
C’est de Musset encore que procède l’auteur des Amoureuses , M. Alphonse Daudet, qui fut un aimable prosateur en vers avant de devenir çà et là un grand poète en prose.
Georges Rodenbach
On peut définir Alphonse Daudet le poète du roman. Il eut, du poète, le don d’imagination et, du romancier, l’esprit d’observation. L’une et l’autre faculté, qu’on dirait contradictoires, s’unirent en lui merveilleusement. À l’origine, le poète prédomina un peu, puisque, dans l’aube rose de l’adolescence, il est naturel que l’imagination surtout fermente, flambe, fleurisse, feu et fleurs ! Si cet état d’âme eût persisté ; si Alphonse Daudet, au surplus, fût demeuré dans son Midi natal, il est possible que nous eussions compté un poète de plus, écrivant aussi en provençal, émule de Mistral et de Roumanille.