(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

Bouilhet, Louis (1821-1869)

[Bibliographie]

Melænis, poème (1851). — Madame de Montarcy, drame en cinq actes et en vers (1856). — Hélène Peyron, drame en cinq actes et en vers (1858). — Festons et astragales (1859). — L’Oncle Million, cinq actes et en vers (1860). — Dolorès, quatre actes et en vers (1862). — Faustine, cinq actes en prose (1864). — La Conjuration d’Amboise (1866). — Mademoiselle Aïssé (1869). — Dernières chansons, avec une notice de G. Flaubert (1872).

OPINIONS.

Sainte-Beuve

Melænis, conte romain (1851) par M. Louis Bouilhet, reproduit trop visiblement (j’en demande très pardon au jeune auteur) le ton, les formes et le genre de boutade de Mardoche.

[Causeries du lundi ().)

Jules Claretie

La Conjuration d’Amboise n’est pas un chef-d’œuvre, à mon sens. M. L. Bouilhet, qui est un poète de talent et de courage, a, certes, fait mieux que cela. Mais, hier, comme aujourd’hui, il a fait de l’art. Il n’a pas accepté de transactions. Il a attendu, il a persisté. Et si bien cela, si fermement, que son heure est venue.

[Le Figaro (17 décembre ).]

Gustave Flaubert

Si l’on cherche dans les poésies de Louis Bouilhet l’idée mère, l’élément général, on y trouvera une sorte de naturalisme qui fait songer à la Renaissance. Sa haine du commun l’écartait de toute platitude, sa pente vers l’héroïque était rectifiée par de l’esprit ; car il avait beaucoup d’esprit, et c’est même une des faces de son talent, presque inconnue… Il a dramatisé toutes les passions, dit les plaintes de la momie, les triomphes du néant, la tristesse des pierres, exhumé des mondes, peint des peuples barbares, fait des paysages de la Bible et des chants de nourrices. Quant à la hauteur de son imagination, elle paraît suffisamment prouvée par les Fossiles, cette œuvre que Théophile Gautier appelait « la plus difficile, peut-être, qu’ait tentée un poète ! » ; j’ajoute : le seul poème scientifique de toute la littérature française qui soit cependant de la poésie… Sa forme est bien à lui, sans parti pris d’école, sans recherche de l’effet, souple et véhémente, pleine et imagée, musicale toujours. La moindre de ses pièces à une composition. Les sujets, les entrelacements, les rimes, tous les secrets de la métrique, il les possède ; aussi son œuvre fourmille-t-elle de bons vers, de ces vers tout d’une venue et qui sont bons partout, dans le Lutrin comme dans les Châtiments… On m’objectera que toutes ces qualités sont perdues à la scène, bref, qu’il « n’entendait pas le théâtre ! » Les 78 représentations de Montarcy, les 80 d’Hélène Peyron, les 105 de la Conjuration d’Amboise, témoignent du contraire… On a été injuste pour Faustine. On n’a pas compris, non plus, l’atticisme de l’Oncle Million, la mieux écrite peut-être de toutes ses pièces, comme Faustine en est la plus rigoureusement combinée. Elles sont toutes, au dénouement, d’un large pathétique, animées d’un bout à l’autre par une passion vraie, pleine de choses exquises et fortes. Et comme il est bien fait pour la voix, cet hexamètre mâle, avec ses mots qui donnent le frisson, et ces élans cornéliens pareils à de grands coups d’ailes !

[Préface aux Dernières chansons ().]

Maurice Talmeyr

L’Oncle Million, où Louis Bouilhet prodiguait encore l’harmonie de ses rythmes et l’or de ses rimes.

[La République des lettres (6 mai ).]

Maxime Du Camp

Parmi les poetæ minores, il arrive en tête ; certaines de ses pièces de vers subsisteront, il aura place dans tous les Selectæ ; Melænis est une œuvre très remarquable, de longue haleine, savante, bien conduite et de forte poésie, mais, dans le défilé des poètes de ce temps, il me semble qu’il ne marche qu’après Alfred de Musset, Victor Hugo, Lamartine, Victor de Laprade, Auguste Barbier, Théophile Gautier.

[Souvenirs littéraires (1882-).]

Pierre Veber

Louis Bouilhet aurait signé Par le glaive. Pauvre Flaubert, qui eut, en guise d’ami, Louis Bouilhet, en guise d’amie, Louise Colet ! Son intime, ce piètre élève de Dumas père ! l’admit-il pour que nulle crainte d’égalité ne troublât leurs relations ? Il lui fit l’aumône d’un second plan dans sa notoriété ; les maîtres traînent à travers les siècles une suite de comparses qui encombrent la littérature ; rien d’odieux comme le pyladisme envahissant de ces gens, qui nécessitera bientôt une chambre de justice des réputations.

[Revue blanche (25 avril ).]

Jules Lemaître

Ce Louis Bouilhet, c’était pourtant un très brave homme, et que Flaubert aimait de tout son cœur. Il fut un bon et honnête lettré ; il fut vraiment poète deux ou trois fois. Nous lui devons beaucoup de respect et de sympathie. Mais que sa Conjuration d’Amboise nous a donc paru cruelle l’autre soir !

[Impressions de théâtre ().]

Henry Céard

Dans le même recueil (les Dernières chansons), les amateurs seront dédommagés par un petit poème de peu de vers et qui célèbre les amours d’une fleur et d’un rossignol. Quand on aura pris son parti de deux ou trois mots dont la sonorité chinoise semble bien un peu barbare à nos oreilles accoutumées à de moins rudes syllabes, on goûtera délicieusement la délicatesse et la tendresse de l’humble fabliau où l’on ne sait

Si c’est la fleur qui chante ou l’oiseau qui fleurit.

Bouilhet disait « tenir ce récit qu’on ignore d’un mandarin de Chine au bouton de couleur ». On imaginera volontiers que c’était lui le mandarin. N’importe d’où qu’il vienne, ou de Chine on de France, ceci est assuré que le conte est délicieux et touche au chef-d’œuvre.

[L’Événement (30 juin 1900).]