Renaud, Armand (1836-1895)
[Bibliographie]
Les Poèmes de l’amour (1862). — Les Caprices de boudoir (1864). — Les Pensées tristes (1865). — Les Nuits persanes (1870). — Recueil intime (1881). — Les Drames▶ du peuple (1885).
OPINIONS.
Sainte-Beuve
Armand Renaud, après s’être terriblement risqué aux ardentes peintures d’une imagination aiguë et raffinée, en est venu à chanter ses propres chants, à pleurer ses propres larmes ; maître achevé du rythme, de recherches en caprice, et après avoir épuisé la coupe, il a trouvé des accents vraiment passionnés et profonds.
Émile Deschanel
La plupart des fleurs qui composent le volume des Nuits persanes, fleurs exotiques cueillies dans les riches forêts de Djelaleddin-Roum l’extatique, de Saadi le bienheureux et de Ferdouci le céleste, sont d’un parfum toujours agréable, toujours étrange et parfois enivrant. Elles brillent des molles clartés de la lune, ou bien elles renvoient les traits d’or de ce divin ami des Persans, le Soleil ! D’autres s’épanouissent dans les gouffres sombres, d’autres dans les clartés mystiques.
Jules Claretie
Armand Renaud fut souvent un poète délicat et souvent puissant qui eut souvent son heure de célébrité. Sa part d’influence dans le mouvement littéraire d’où sortit, voilà quelques années, une renaissance de la poésie… Il écrivit un volume de vers qui mérite de rester, Les ◀Drames du peuple, et le poète de la Justice , M. Sully Prudhomme, mit en tête de ces pages affamées d’idéal et de pitié une éloquente étude littéraire. Ce fut, je pense, le dernier volume d’Armand Renaud ; mais il résumait toute sa pensée dans ces éloquents appels au patriotisme et au pardon.
Gaston Deschamps
Parmi les poètes célèbres en 1865, l’auteur des Poésies de Joseph Delorme
citait premièrement M. Armand Renaud, qui venait de
publier, chez Dentu, chez
Sartorius et chez Hachette, des
Poèmes de l’amour, des Caprices de boudoir
et des Pensées tristes. Sainte-Beuve,
subtilement, discernait dans l’œuvre de ce poète, trois « manières » très
différentes. D’abord, M. Armand
Renaud s’était « inspiré aux hautes sources
étrangères »
, et avait « moissonné la passion en toute
littérature et en tout pays »
. Ensuite M. Armand Renaud s’était
« terriblement risqué aux ardentes peintures d’une imagination
aiguë »
. Enfin M. Armand
Renaud, « pleurant ses propres larmes »
, avait
« épuisé la coupe »
. Sans vouloir contrister personne, il est
permis de dire que, de cette coupe épuisée, il ne reste plus guère que cinq
strophes, sauvées du naufrage par une citation de Sainte-Beuve et
inspirées à M. Armand
Renaud, dans un bal masqué, par une dame déguisée en lune.