NOLLET, [Jean-Antoine] Abbé, Professeur Royal de Physique au Collége de Navarre, de l’Académie des Sciences, de la Société Royale de Londres, de l’Institut de Bologne, &c. né à Pimpré, dans le Diocese de Noyon, en 1700, mort à Paris en 1770.
Comme ses Ouvrages sont plus d’un Physicien que d’un Littérateur, nous n’en jugerons point le fond ; nous nous contenterons de dire qu’ils sont écrits d’un style aisé & assez clair pour instruire le commun des Lecteurs sur toutes les matieres qu’il traite. Il est un des premiers qui ait donné▶ au Public un Cours de Phisique expérimentale, en quoi il a été très-utile à ceux qui veulent étudier la Nature, plus facile à connoître par les effets que dans les causes. Tous ses Ouvrages ont eu un succès qui se soutient encore, & lui ont procuré l’honneur d’être choisi pour ◀donner▶ des leçons de Physique à feu M. le Dauphin, auxquelles le Roi & la Famille Royale assisterent plus d’une fois. M. le Dauphin avoit pour lui une affection particuliere, dont il lui ◀donna des preuves dans une circonstance qu’il n’est pas hors de propos de rapporter, pour faire connoître tout à la fois la bonté du Prince, le désintéressement du Savant, & l’indifférence du commun des Grands pour les Sciences.
M. le Dauphin, qui auroit désiré que M. l’Abbé Nollet songeât un peu plus à sa fortune, le pressa d’aller voir un homme en place, dont la protection pouvoit lui être utile. L’Abbé Nollet lui fit une visite, & lui présenta un Exemplaire de ses Ouvrages ; celui-ci répondit froidement, en jetant les yeux sur le titre, qu’il étoit sensible à sa politesse, mais qu’il ne lisoit pas ces sortes d’Ecrits. Monsieur, lui répondit l’Auteur, voulez-vous permettre que je laisse ces Livres dans votre anti-chambre ? il s’y trouvera peut-être des Gens d’esprit qui les liront avec plaisir.