(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 111-112
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 111-112

Abauzit’,[Firmin] Bibliothécaire de la ville de Geneve, né à Uzez, mort à Geneve en 1758.

Quand on lit, dans une des notes de la Nouvelle Héloïse, le magnifique éloge que J. J. Rousseau fait de ce Philosophe si peu connu, le premier mouvement du Lecteur est de recourir aussi-tôt aux Ouvrages de M. Abauzit ; mais il s’en faut de beaucoup qu’ils soient propres à justifier l’enthousiasme de l’Ecrivain Génevois. Ils consistent en grande partie dans de longues & ennuyeuses Dissertations contre le Christianisme. Il est difficile de concilier avec un acharnement aussi peu mesuré, la haute idée qu’on veut nous donner des vertus sociales de ce Dissertateur. Rarement on respecte les droits de la société privée, quand on manque ainsi de respect à la société générale. Cependant on nous a assuré que M. Abauzit réunissoit les qualités qui font le bon citoyen, & qu’il n’a jamais prétendu porter atteinte aux loix fondamentales de la Religion. En ce cas, ses erreurs doivent être regardées comme involontaires & comme une suite presque inévitable de la démangeaison de tout approfondir & de tout commenter en matiere de Foi. Sous ce point de vue, quoique très-répréhensibles en elles-mêmes, elles sont plus pardonnables aux yeux de l’indulgence : bien différentes en cela de celles des Incrédules systématiques & de profession, qui sont aussi odieuses dans leurs motifs, que pitoyables dans leurs excès.