MALLEVILLE, [Claude de] né à Paris en 1597, mort en 1647, un des premiers reçus à l’Académie Françoise.
Nous ne dirons pas que ce fut, sans doute, la difficulté de trouver quarante Sujets, qui le fit admettre dans ce Corps ; Malleville pouvoit figurer parmi les Beaux-Esprits de son Siecle. Ses Poésies ont de la chaleur & de la vivacité ; l’expression en est souvent agréable & facile, les images en sont quelquefois brillantes, mais les métaphores presque toujours outrées. Son Sonnet sur la Belle Matineuse, fut préféré à tous ceux qu’on composa sur le même sujet.
On ignore communément ce qui a donné lieu à la manie de comparer à des Astres les Beautés à qui l’on veut prodiguer de l’encens. Quintus-Catulus, jeune Romain des derniers temps de la République, ayant rencontré sa Maîtresse au lever du Soleil, lui fit aussi-tôt un Quatrain, qui l’élevoit au dessus de l’Astre qui commençoit à paroître. On le traduisit en François du temps de Balzac & de Voiture, & l’on en trouva la pensée si jolie, que, depuis ce temps, le Soleil est devenu▶ l’objet éternel des comparaisons galantes.
Malleville réussit encore mieux dans le Rondeau. Celui qu’il fit contre l’Abbé Boisrobert, Favori du Cardinal de Richelieu, prouve qu’il savoit badiner agréablement.
Ce mot né coiffé expliqueroit assez bien la petite fortune littéraire & civile de quelques merveilleux Auteurs de nos jours.