(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 517-518
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 517-518

JARDIN, [Benigne du] ancien Maître des Requêtes, né à Paris en 17..

Sa Traduction de Pétrone n’est qu’une paraphrase sans goût, sans élégance, qui ne conserve aucun des caracteres de l’original. Quoique les fragmens trouvés par Nodot soient reconnus pour des Ecrits supposés, M. du Jardin n’a pas craint de les admettre & de les traduire, parce qu’ils donnent une liaison apparente au corps de l’Ouvrage. Les Vers latins sont rendus par des Vers françois, parmi lesquels il s’en trouve quelques-uns d’heureux. Les Notes qui accompagnent la Traduction, sont, pour la plupart, fort instructives.

M. du Jardin a fait aussi une Histoire de Rienzy, moins bien écrite & plus abrégée que celle du P. Ducerceau, antérieure à la sienne. Le seul morceau bien frappé est le portrait qu’il fait de son Héros. « Né, dit-il, avec un esprit vif, élevé, entreprenant, une conception facile, une mémoire sûre, un génie subtil & délié, beaucoup de facilité à s’exprimer, un cœur faux & dissimulé, une ambition sans bornes, il se donna tout entier à l’étude, en sorte qu’il devint bon Grammairien, meilleur Rhétoricien, excellent Humaniste. Il employoit les jours & les nuits à la lecture ; il savoit par cœur Titre-Live, Ciceron, Valere-Maxime, & Séneque. Il avoit une admiration particuliere pour Jules-César, qu’il se proposoit pour modele. Il passoit son temps à défricher les Inscriptions, qu’il cherchoit sur les marbres brisés des ruines les plus anciennes, & les expliquoit mieux que personne. Il s’écrioit souvent : O Dieu ! que sont devenus ces Grands Hommes ? Ne reverra-t-on plus de véritables Romains ? La justice est elle exilée pour jamais ? Il étoit d’une figure avantageuse ; sévere observateur des Loix, moyen dont il se servoit pour gagner la bienveillance du Peuple ; fourbe, imposteur, hypocrite, faisant servir la Religion à ses desseins, mettant en œuvre les révélations & les visions, pour s’autoriser, effronté jusqu’à se vanter d’affermir l’autorité du Pape, dans le même temps qu’il la sapoit par les fondemens ; fier dans la prospérité, prompt à s’abattre dans l’adversité, étonné des moindres revers ; mais, avec la réflexion, capable de se servir des moyens les plus hardis pour se relever ».