(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

Courteline, Georges (1858-1929)

[Bibliographie]

Les Gaîtés de l’escadron (1886). — Le 51e chasseurs (1887). — Les Femmes d’amis (1888). — Le train de 8 h. 47 (1888). — Madelon, Margot et Cie (1890). — Potiron (1890). — Lidoire (1891). — Boubouroche, deux actes, en prose (1893). — Les Facéties de Jean de la Butte (1893). — Messieurs les ronds-de-cuir (1893). — Ah ! Jeunesse ! (1894). — Ombres parisiennes (1894). — La Peur des coups, un acte (1895). — Le Droit aux étrennes, un acte (1896). — Un client sérieux (1897). — Hortense, couche-toi, un acte (1897). — M. Badin, un acte (1897). — Les Boulingrin, un acte (1898). — La cinquantaine, un acte (1898). — Gros chagrin (1898). — Une lettre chargée (1898). — Lidoire et Potiron (1898). — Théodore cherche des allumettes (1898). — La Voiture versée (1898).

OPINIONS.

Maurice Beaubourg

Notre Courteline, comme dit Catulle Mendès

J’ai dit que, parmi un grand nombre d’autres nouvelles, toutes celles en général qui composent l’Ami des lois, puis Amitiés féminines, Ferme ta malle, le Constipé récalcitrant, la Mégère apprivoisée, etc., etc., Hortense, couche-toi, était celle qui m’avait le plus séduit. Il y a là un entremêlement de vers et de prose du plus haut comique, un chœur de déménageurs qui réapparaît comme un chœur antique, disant du ton le plus noble les choses qui le sont le moins :

LE CŒUR DES DÉMÉNAGEURS

Le temps passe, que rien ne saurait prolonger.
       Le nouveau locataire est là qui veut la place.
                       Commençons par déménager
       Ce seau, cette pendule et cette armoire à glace.
                       Sur nos nuques et sur nos dos,
Chargeons, Messieurs, chargeons les lourds fardeaux.

Cette piécette est à peu près la même que celle du théâtre de Guignol, Le Déménagement. J’aimerais mieux la voir jouer dans la même baraque, par les mêmes acteurs à la tête vermillonnée, avec le seau, la pendule, l’armoire à glace, le lit, tout le mobilier habituel de ce théâtre. Mais si elle ne se termine pas sur l’étonnante drôlerie de Guignol à son propriétaire :

« Le Propriétaire. — Ah ça ! Guignol ! vous me faites dormir debout avec vos histoires !

Guignol. — Tiens, c’est vrai ; on commence à avoir sommeil ; allons-nous coucher »

combien elle est supérieure par sa modernité, sa finesse, son appropriation au code et à l’âme des propriétaires du jour, surtout par cette invention qui, pas plus que les Déménageurs, n’est dans Guignol, cette divine Hortense, enceinte de neuf mois, autour de laquelle pivote l’action, et qui est ainsi saluée à son entrée :

LE CŒUR DES DÉMÉNAGEURS

Ciel, quel spectacle ! ah ! qu’elle est belle à voir !
Quelle aimable pudeur ! quels feux en sa prunelle !
(À part, badins) :
                       L’espiègle enfant en son tiroir
                       Dissimule un polichinelle…
Affectons de ne point nous en apercevoir.
(Haut) :
                       Sur nos nuques et sur nos dos,
Chargeons, Messieurs, chargeons les lourds fardeaux.

puis qui, la loi lui donnant neuf jours pour accoucher, se couche, tandis que le propriétaire, le cruel Saumâtre, est obligé de passer par toutes ses fantaisies et par celles de son amant.

Les Souvenirs de l’Escadron, d’un tout autre genre, sont aussi fort jolis, avec une teinte de sentiment qui est loin de déplaire.

[Mercure de France (juillet ).]

Romain Coolus

Courteline est un des mieux doués parmi les auteurs dramatiques de ce temps, li a le don rare de créer des types, c’est-à-dire de donner une personnalité, une individualité, esthétiques à des personnages assez généraux pour garder, après l’époque, une indestructible vérité. Il ne m’étonnerait point que Courteline fût le grand auteur comique de cette génération. Son Boubouroche me paraît d’une qualité très voisine du George Dandin de Molière. Ses types militaires sont destinés à devenir populaires : Potiron et Lidoire se substitueront dans l’imagination faubourienne au fusillier Pitou et à l’archaïque Dumanet.

[Revue blanche (1er mars ).]

Pierre et Paul

C’est du régiment, c’est de la caserne que devait se dégager le vrai Courteline ; et effectivement c’est le séjour qu’il fit au 13e chasseurs, à Bar-le-Duc, qui nous a valu ses admirables Gaîtés de l’éscadron qui partout respirent la pitié pour le soldat, et une fraternelle espérance de justice, et dont les chapitres notamment intitulés Un mal de gorge et Les Têtes de bois sont des chefs-d’œuvre de la plus rare inspiration et d’une perfection impeccable.

Vous y avez remarqué, sous la gaîté débordante de l’exposition et des dialogues, cette tristesse que nous vous signalions tout à l’heure. Le volume est trop dans toutes les mains pour que nous y insistions davantage ; mais ce n’est pas un mal qu’il n’y ait besoin que d’une indication rapide au courant de la plume, et que le livre ait obtenu le plus vif succès. Après avoir paru d’abord dans les Petites nouvelles, où Courteline était chroniqueur fantaisiste, il fut réuni en volume chez les éditeurs Marpon et Flammarion et réimprimé plus tard dans la collection à 60 centimes de ces mêmes éditeurs. Seulement Les Gaités de l’escadron avaient alors changé de titre et s’appelaient : Le 51e chasseurs.

Les Femmes d’amis (1888) n’eurent pas un moindre succès. On a reproduit partout Margot, Une bonne fortune et cette perle du livre : Henriette a été insultée, que nous citerions ici, s’il ne la fallait reproduire de la première à la dernière ligne sans en passer une.

[Les Hommes d’aujourd’hui.]