Trarieux, Gabriel (1870-1940)
[Bibliographie]
La Chanson du prodigue (1892). — La Retraite de la vie (1894). — Nuit d’avril à Céos, un acte (1894). — La Coupe de Thulé (1895). — Pygmalion et Daphné, un acte (1898). — Joseph d’Arimathée, trois actes (1898). — Les Vaincus : Hypathie, Savonarole (1900). — Sur la foi des étoiles (1900).
OPINIONS.
Philippe Gille
C’est le livre d’un esprit élevé, d’un poète sincère, que celui que M. Gabriel Trarieux intitule : La Retraite de la vie. Dans ce poème, car le volume n’en contient qu’un, l’auteur a fait un adieu au monde social pour se retirer dans la nature, pour vivre loin des humains et laisser errer ses rêves des cimes des montagnes aux profondeurs des mers, des abîmes du ciel à ceux de la terre. Bien qu’il se soucie plus de l’idée, de la pensée, que de la forme dans laquelle elle tombe, ce de quoi on ne saurait trop le louer, son vers est naturellement harmonieux et élégant.
Camille Le Senne
Le dernier spectacle des Escholiers se composait de deux pièces dont la première
mérite un rappel à des titres divers, c’est Pygmalion et Daphné,
un acte en vers fibres, de M. Gabriel Trarieux, avec cette épigraphe tirée des Idylles du Roi, de Tennyson : « Man dreams of fame, while woman wakes to
love »
.
Les classiques purs, les attardés du Romantisme et les traditionnels du Parnasse professent la même horreur bruyante pour le vers fibre, le vers sans rime, le vers amorphe, tel que l’écrit M. Gabriel Trarieux. Il faut cependant reconnaître que, bien manié, il a du charme, de la grâce, une souplesse enveloppante. Écoutez Pygmalion racontant comment sa Daphné (la Galatée antique) est devenue femme :
… C’était un soir, dans la cité…Une cité lointaine en des montagnes bleuesOù les maisons sont des palais… C’était un soir…J’avais sculpté dans le carrare une statuePour le temple du dieu Soleil — si merveilleuseQue le peuple venu pour la voir s’était misÀ deux genoux, ainsi qu’on fait pour les déesses,Puis, en silence, était sorti… Et j’étais seul…
Émile Faguet
Joseph d’Arimathée n’est pas précisément un drame, c’est une étude psychologique très attentive et très fine sur l’état d’esprit des premiers adeptes d’une religion et sur la manière dont un sentiment religieux se forme et se développe peu à peu dans les âmes… J’ai déjà dit qu’il n’est point du tout dramatique, et qu’il ne pourra jamais, au théâtre, soutenir et retenir l’intérêt d’un public un peu nombreux ; mais, comme étude psychologique, Joseph d’Arimathée est excellent… Il s’y trouve de grandes, de profondes beautés.