(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 157-158
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 157-158

Roussier, [Pierre-Joseph] Abbé, Chanoine d’Econis en Normandie, Correspondant de l’Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Marseille en 17..

Il est Auteur d’un Mémoire [de 250 pages in-4°.] sur la Musique des Anciens, qui, de l’aveu de tous les Connoisseurs, lui donne droit de figurer parmi le petit nombre de Littérateurs connus par une érudition aussi vaste que profonde & lumineuse. M. l’Abbé Roussier y expose le principe de divers systêmes de Musique chez les Grecs, les Chinois, les Egyptiens, & y met le systême de ces derniers en parallele avec celui des Modernes. Ce Livre est plein de recherches satisfaisantes, qui supposent un Auteur laborieux, intelligent, bon Logicien, & un Ecrivain qui fait s’exprimer avec autant de méthode que de force & de netteté. Des Littérateurs dont le suffrage est de poids, surtout en matiere d’érudition, tels que M. de Querlon, M.Bailly, de l’Académie des Sciences, M. l’Abbé Arnaud, M. l’Abbé Barthelemy, &c. regardent cette savante Production comme la meilleure qu’on ait encore publiée sur la théorie de la Musique. Voici ce qu’en a dit le P. Amyot, Missionnaire à Pekin, dans des Mémoires qu’il a envoyés à M. Bertin sur la Musique des Chinois :« Cet Ouvrage, l’un des meilleurs & des plus solides, à mon avis, qu’on puisse faire en ce genre, m’a éclairé sur une foule d’objets, même Chinois, que je ne faisois qu’entrevoir à travers les plus épais nuages. Il me sembloit, en le lisant, que j’étois devenu l’un des Disciples exotériques du fameux Pythagore, ou l’un des initiés dans le Collége des Prêtres d’Egypte. Quel dommage, disois-je en moi-même, que M. l’Abbé Roussier n’ait pas pu fouiller dans les antiquités des Chinois, comme il l’a fait dans celles des Egyptiens & des Grecs ! En remontant jusqu’à la source primitive d’un systême de musique connu à la Chine depuis plus de quatre mille ans ; en approfondissant les principes sur lesquels ce systême appuie ; en développant ses rapports avec les autres sciences ; en déchirant ce voile épais qui nous a caché jusqu’ici la majestueuse simplicité de sa marche, ce Savant eût pénétré peut-être jusque dans le Sanctuaire de la Nature… Son Ouvrage nous eût peut-être fait connoître à fond le plus ancien systême de musique qui ait eu cours dans l’Univers [celui des Chinois] ; & en l’exposant avec cette clarté, cette précision, cette méthode qu’on admire dans son Mémoire, il eût servi comme de flambeau pour éclairer tout à la fois & les Gens de Lettres & les Harmonistes : les premiers, dans la recherche des usages antiques, & les derniers dans celle du secret merveilleux de rendre à leur Art l’espece de toute-puissance dont il jouissoit autrefois, & qu’il a malheureusement perdue depuis. »