Guimberteau, Léonce
[Bibliographie]
Le Devenir humain, poème (1897).
OPINIONS.
Gabriel Trarieux [G.-T.]
Ainsi que le titre l’indique, les poèmes de ce recueil sont une suite de cantiques à la gloire de l’homme, de l’Homme dernier-né des dieux, qui a vénéré autrefois, dans les religions sublimes, les beautés de sa propre pensée, et rend aujourd’hui à cette pensée même l’hommage qui lui est seul dû. On voit de quels systèmes modernes se réclame une telle philosophie ; mais les vers de M. Guimberteau ne sont rien moins que la mise en œuvre d’un système ; ils ont toute la liberté, et parfois la grandeur d’une confession personnelle. Ils valent par une sincérité profonde qui atteint à l’émotion. Ceux qui aiment les « Vers d’un Philosophe » de Guyau et les strophes d’Alfred de Vigny se plairont à lire ce livre, où, malgré quelques prosaïsmes, telles pages, les dernières, par exemple, sont empreintes d’une sobre beauté. En nos jours de vocalises musicales et de poésie toute de sensations, le vieil alexandrin classique, fruste et fort de sens, étonne presque comme une audace et charme comme un souvenir.
D. Cancalon
Connaissez-vous un poète contemporain en possession, je ne dis pas d’une doctrine, mais simplement d’une pensée directrice qui donne à son œuvre, avec l’impulsion vers un but élevé, l’unité et la cohérence ?
Autant que je suis informé, il me semble bien que nos versificateurs les plus connus reflètent assez exactement le désarroi moral et intellectuel de notre temps.
Si nous admirons beaucoup M. Guimberteau, ce n’est pas par confraternité philosophique. Il n’est pas un poète positiviste ; il appartient à une autre doctrine et avec une trop forte conviction pour se laisser accaparer. Il s’inspire surtout du panthéisme brahmanique, et tout particulièrement du système de Hegel et de son évolutionnisme tout intellectuel.
Pour lui, le monde est fils de notre pensée et de notre volonté. La nature n’est qu’une forme de l’idée.
En dépit des contrastes et peut-être à cause de certains contrastes, c’est encore à Lucrèce que, par une affinité secrète, l’esprit se reporte le plus volontiers en lisant l’œuvre de M. Guimberteau.