(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Ernault, Louis (1865-19..) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Ernault, Louis (1865-19..) »

Ernault, Louis (1865-19..)

[Bibliographie]

Visions polaires (1896). — La Douleur du Mage (1897). — Chants royaux ; L’Homme (1898). — Le Miracle de Judas (1899). — La Mort des Syrènes (1900).

OPINIONS.

Victor-Émile Michelet

La conception de ce drame (Le Miracle de Judas) est très haute à la fois et très ingénieuse, œuvre de vrai poète. Il est très difficile de faire œuvre dramatique en prenant pour sujet le miracle. Ce qui fait l’intérêt d’un drame, c’est avant tout la lutte qui se déroule au cœur des hommes. Or, l’intervention du surnaturel, en général, détruit l’intérêt de cette lutte, puisqu’elle dénoue trop facilement ce qu’avait noué l’élément humain. M. Ernault a tourné la difficulté en présentant le surnaturel manié à rebours, c’est-à-dire accomplissant son œuvre sur l’évocation d’un homme, mais sur l’évocation blasphématoire. Judas ayant accompli un miracle, ayant rendu la vie à une jeune fille morte, le miracle aura sa suite logique ; il aura des conséquences impures, puisqu’il a obéi à l’incantation d’un être impur. La jeune ressuscitée deviendra donc une prostituée. Un charme de Goëtie l’attachera aux pas de son sombre thaumaturge. M. Ernault a engendré une belle idée dramatique. Il l’a mise en œuvre noblement et habilement. La forme de son vers atteste une grande recherche de pureté ; mais elle est parfois raide, comme enserrée dans une gaine hiératique. La réalisation de cette conception était certes difficile. Le poète s’en est tiré à son honneur.

[L’Humanité nouvelle (10 juillet ).]

Stéphane Mallarmé

« Merci, Monsieur et poète, pour un des premiers très beaux aboutissements de la pensée magique à la poésie intègre et pure que j’ai lus. Il suffit d’y goûter celle-ci, amplement et ingénieusement comme vous l’épandez, pour pénétrer tout l’arcane de votre drame mental. Permettez que je vous félicite tout à fait… »

[Lettre.]