(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 299
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 299

MERVILLE, [Michel Guyot de] né à Versailles en 1696, mort dans le pays de Gex en 1756.

Plusieurs de ses Comédies ont été jouées avec succès. Celle qu’on a le plus accueillie au Théatre François, est le Consentement forcé, Piece qu’on voit reparoître souvent & avec plaisir. M. Merville a, en général, le talent de bien imaginer une intrigue, & de la conduire avec dextérité. Ses caracteres sont assez bien soutenus ; mais sa versification, pour être trop facile, est presque toujours foible, sans couleur, & négligée.

Il a aussi travaillé, pendant quelque temps, à un Journal, sous le titre d’Histoire littéraire, dont il reste cinq ou six volumes. Ce Journal eut peu de succès, peut-être parce qu’il avoit le mérite rare de l’impartialité. M. de Voltaire sur-tout n’y étoit pas ménagé ; c’en fut assez pour le rendre ennemi irréconciliable de l’Auteur. Celui-ci voulut l’adoucir, & fit quelques Vers à sa gloire ; mais ce fut inutilement. Je n’attaque personne, lui répondit avec gravité le Héros poétique, mais je suis impitoyable pour ceux qui m’attaquent. Nous pourrions demander ici, où est la liberté qui doit régner dans la République des Lettres ? Que deviendra la douce Tolérance ? & où trouver cette supériorité philosophique qui éleve au dessus de tout ? On auroit pu demander encore au Poëte inexorable, où sont la justice, la droiture, la sincérité ? Crébillon, Maupertuis, Montesquieu, M. de Pompignan, M. de Buffon, M. Helvetius lui-même, ont-ils jamais attaqué l’Auteur de la Henriade ? Peut-être a-t-il regardé leurs talens comme une insulte faite aux siens : en ce cas, il a eu raison.