(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 211-212
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 211-212

MARÉCHAL, [Pierre-Sylvain] Avocat en Parlement, né à Paris en 1750.

La Muse qui préside aux Poésies érotiques & légeres, semble l’avoir distingué de la foule de ses adorateurs. Quoique la plupart des Pieces que ce jeune Poëte a publiées sous le titre trop peu modeste de Bibliotheque des Amans, ne roulent que sur des sujets d’amour ou de galanterie, elles ne laissent pas de se faire lire avec une sorte d’intérêt, par l’adresse qu’il a eue d’en varier les peintures & les cadres, & de répandre beaucoup de naturel, de grace & de délicatesse dans ses expressions. Si son style est quelquefois prosaïque & dépourvu de ces images qui ennoblissent les idées en même temps qu’elles les rendent plus sensibles, il a du moins le mérite rare d’être facile, harmonieux, simple, & correct. Pour donner au Lecteur une idée du talent de ce jeune Poëte, nous croyons devoir transcrire ici une des petites Pieces de son Recueil. Elle a pour titre les Quinze ans.

Quinze ans ! Thémire, ô le bel âge !
Des doux plaisirs c’est la saison ;
De tes quinze ans fais bon usage ;
A quinze ans l’Amour fait moisson.
Avant quinze ans, une Bergere
Est du nombre encor des enfans ;
Il faut avoir quinze ans pour plaire ;
On n’est point belle avant quinze ans.
A quinze ans finit la culture ;
Le bouton alors devient fleur :
C’est à quinze ans que la Nature
Parle à nos sens, nous donne un cœur.
A cinq ans on verse des larmes,
A dix, sont les jours innocens,
A douze, les tendres alarmes ;
Mais pour aimer, il faut quinze ans.