1. NOSTRADAMUS, [Michel] Docteur en Médecine, né à Saint-Remi, dans le Diocese d’Avignon, en 1503, mort en 1566.
La bizarrerie de son étoile l’a rendu célebre malgré lui-même, ou du moins sans qu’il s’attendît à le devenir. Ce Médecin, que ses malades n’occupoient pas beaucoup, s’avisa de composer, dans un moment d’ennui, des Vers plus Provençaux que François, où il inséra toutes les rêveries qui lui passerent par la tête. Ces Vers furent imprimés sous le nom de Centuries. Aussi-tôt le Peuple prend ce galimatias pour des prophéties. Nofiradamus, étonné de se voir érigé en Prophete, met à profit l’ignorance publique, & lui fait présent d’un nouveau fatras qu’il donne pour des prédictions. Cet amas d’extravagances augmente sa réputation, au lieu de la diminuer. Henri II lui-même voulut le voir. Nostradamus vient, paroît à la Cour ; il y est comblé d’honneurs & de bienfaits ; ensuite il s’en retourne jouir, dans sa solitude, des fruits de la crédulité publique, dont il dut souvent rire en lui-même.
Cette ridicule célébrité n’est pas aujourd’hui sans exemple. Bien des Nostradamus modernes ne doivent leur réputation qu’à un pareil travers. Il suffit d’être hardi, entortillé, obscur, sentencieux, boursoufflé, & voilà comme se font la plupart des Prophetes de nos jours. Mais cette prédiction de Tacite, suum cuique decus Posteritas rependit, aura son effet, & ces réputations fantastiques seront bientôt dissipées.