(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 293
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 293

Berville, [guyart de] né à Paris en 1697, mort en 1770.

A l’âge de près de soixante ans, il commença à se douter qu’il pouvoit devenir Auteur ; exemple rare dans un siecle, où l’on n’attend pas si long-temps à se croire en droit d’assommer le Public par ses Ecrits. Le fruit de cette inspiration tardive a été de deux Histoires particulieres ; l’une du Chevalier Bayard, l’autre du Connétable du Guesclin. On a lieu de penser que s’il eût commencé plutôt, il auroit pu donner à son style plus de correction, plus de noblesse, plus de chaleur, & se guérir sur-tout d’une diffusion assommante, défaut ordinaire aux vieux Ecrivains, & sur-tout à ceux qui n’ont pas travaillé de bonne heure à s’en garantir. Ces deux Ouvrages, qui, malgré leurs défauts, n’ont pas laissé d’avoir du débit, viennent d’être réimprimés avec des corrections & des suppressions qui en rendent la lecture plus supportable.

Au reste, le nom de cet Auteur peut augmenter la liste des Ecrivains infortunés. Il est mort à Bicêtre, où la misere l’avoit forcé de se retirer, & où la Muse de l’Histoire ne devroit pas conduire ses Eleves, si le Siecle avoit autant d’humanité réelle, qu’il se flatte d’avoir de politesse & de philosophie.